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Les travailleuses de l’industrie du vêtement au Cambodge luttent pour le progrès social dans un monde post-pandémie

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Lorsque Neat Srey Pov a commencé à travailler dans une usine de confection au Cambodge, elle s’est jointe au rang d’environ 700 000 travailleurs dans l’industrie du vêtement dans ce pays d’Asie du Sud-Est, dont près de 80 % sont des femmes âgées moins de 30 ans.

Quand la pandémie a frappé, il y a eu des perturbations massives de la chaîne d’approvisionnement mondiale et du transport, ce qui a entraîné la suspension temporaire ou le chômage de nombreux travailleurs de la confection, comme Srey Pov, en raison de la fermeture des usines.

« Pendant la pandémie, nous n’avons pas pu travailler à cause des restrictions », a déclaré Srey Pov à Global Citizen.

La jeune femme de 19 ans affirme avoir reçu environ 40 $ de la part du gouvernement en compensation pour des pertes salariales, mais elle continue de ressentir les répercussions des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

« On travaille encore moins d’heures », ajoute-t-elle, faisant référence à l’état de l’industrie du vêtement après COVID-19.

En 2022, l’industrie de la confection, qui comprend les chaussures et les articles de voyage, représentait 57 % des exportations totales du Cambodge, en totale valeur de 22,5 milliards de dollars, selon les rapports du département général des douanes et des droits d’accise.

En tant qu’industrie, le secteur connaît une forte expansion.

Cette année, le ministère du Travail et de la Formation professionnelle du Cambodge a signalé une augmentation du nombre d’usines de confection, désormais atteignant un total de 1 326 usines.

Malgré cela, de nombreux travailleurs, comme Srey Pov, ressentent le besoin de militer pour de meilleures conditions de travail et des salaires équitables. En 2023, le salaire minimum en Cambodge est 200 $ par mois. En moyenne, les travailleurs dans l’industrie du vêtement gagnent entre 260 $ et 280 $ de salaire mensuel.

En effet, l’établissement des réglementations et des lois visant éliminer les obstacles sociaux et économiques auxquels fait face les travailleuses au Cambodge reste un défi suite au manque de propriétaires nationaux responsables des usines.

Les conditions de travail pour les travailleurs

Les experts de l’Organisation internationale du Travail (OIT) estiment que plus de 95 % des usines au Cambodge sont des usines d’exportation dirigés par des investissements directs étrangers (IDE), un problème qui ne retrouve pas dans d’autres pays asiatiques tels que le Viêtnam et le Bangladesh. C’est pourquoi il y a moins de responsabilités et moins de mise en œuvre des pratiques qui accordent la priorité aux syndicats, aux mesures de sécurité et à la santé des travailleurs.

« Dans l’usine, il fait très chaud », explique Srey Pov.

La journée de travail d’un ouvrier est généralement fixée à huit heures par jour, six jours par semaine (les heures supplémentaires sont limitées à deux heures par jour, au besoin). Basée à Phnom Penh, la capitale du Cambodge, Srey Pov se lève tôt le matin pour se rendre du centre-ville aux zones portuaires où se situent les usines.

Souvent, les usines manquent d’équipements adéquats pour soutenir la longue journée de travail.

« Les toilettes sont très éloignées et nous avons seulement une heure pour la pause déjeuner. On a moins d’heures de travail et le salaire est trop bas », explique Srey Pov.

Sa collègue, Kong Roath, âgée de 23 ans et travaillant dans l’industrie du vêtement depuis cinq ans, partage les mêmes sentiments concernant les salaires et les conditions de travail.

« Avant nous étions rémunérés pour deux heures de travail supplémentaires par jour, mais ce n’est plus le cas maintenant », déclare-t-elle.

Ces facteurs sont renforcés par le réchauffement climatique, qui expose les travailleurs au stress lié à la dégradation de l’environnement, aux produits chimiques et à la chaleur dans certaines usines.

« Il faut faire plus pour en renforcer et protéger le travail et garantir les protections sociales pour les travailleuses dans l’industrie du vêtement et les mères », dit Sophoan Phean, directrice nationale d’Oxfam au Cambodge, à Global Citizen.

Oxfam est une organisation à but non lucratif qui collabore avec des parties prenantes externes et des gouvernements pour lutter contre la pauvreté́ et l’injustice, notamment en ce qui concerne les rémunérations des travailleurs de confection et les protections sociales.

« Il n’y a pas de ressources humaines dans l’industrie, mais il y a des ONG qui ont travaillé avec nous et qui contribuent à notre cause », explique Roath.

L’année dernière, des organismes à but non lucratif tels que CARE Cambodia ont mené des formations en éducation financière.

Grâce à la défense des droits des travailleurs soutenus par des organismes politiques tels qu’Oxfam, les systèmes de protection sociale ont été renforcés. Des régimes de sécurité sociale comme le Fonds national de protection sociale (National Social Security Fund ou NSSF) ont versé des prestations aux travailleurs de l’industrie durant la période de ralentissement économique de la pandémie.

« Nous travaillons avec les ministères concernés pour améliorer les taux de remboursement et les prestations en mettant en place des allocations de chômage pour les travailleurs suspendus et sans emploi, des services de soins non rémunérés pour les travailleuses et les mères, de meilleurs services de soins de santé́ et une protection de la maternité », note la directrice d’Oxfam au Cambodge.

Selon les experts de l’OIT, les prestations de maternité ont été financées par le gouvernement cambodgien, la durée officielle du congé de maternité étant actuellement fixée à trois mois.

Phean souligne que les mesures établies à promouvoir l’autonomisation économique des femmes et l’égalité des sexes sont essentielles pour l’ensemble du progrès social et contribueraient à résoudre les défis quotidiens auxquels toutes les femmes sont confrontées, non seulement ceux dans l’industrie du vêtement.

Un regard genré sur l’industrie

Les hommes dirigent généralement les syndicats dans l’industrie du vêtement, ce qui veut dire que les femmes ne peuvent pas souvent participer à la prise de décision critique qui affecte leurs moyens de subsistance.

La lutte contre la discrimination fondée sur le sexe et l’inégalité des responsabilités en matière de soins reste essentielle à l’autonomisation des femmes et à l’avancement de leur carrière. Des progrès dans ce domaine auraient un impact sur les travailleuses à tous les niveaux, en particulier celles comme Srey Pov, qui est actuellement en congé de maternité.

De nombreuses femmes travaillant dans l’industrie du vêtement finissent par quitter leur emploi à l’usine pour s’occuper de leurs enfants. Cela met une pression financière sur les femmes qui travaillent dans l’industrie et dépendent de leur salaire pour vivre, mais il n’y a pas beaucoup d’options de garde d’enfants adéquates qui existent.

« J’ai besoin de mon salaire pour couvrir les dépenses quotidiennes de ma famille », dit Roath.

La plupart des femmes n’ont pas les moyens d’embaucher une aide supplémentaire et il n’existe pas de programmes répandus pour la garde d’enfants gratuits au Cambodge.

Bien que l’économie mondiale connaisse des changements technologiques rapides, le déplacement des travailleurs est un point de discussion prévalant avec l’arrivée de l’époque d’automatisation.

« Si les usines de confection utilisent plus de machines, je serais obligé de travailler dans la construction. Je m’inquiète pour mes revenus », explique Srey Pov.

Les impacts potentiels à court terme et à long terme de l’automatisation dans l’industrie du vêtement sont prématurés, mais des personnes comme Srey Pov seront les plus durement touchées par les changements systémiques collectifs.

Dans une industrie qui laisse plusieurs travailleurs incertains quant à leurs avenirs, les travailleuses dans l’industrie du vêtement continuent leur lutte, afin de créer un avenir où elles se sentent libres et représentées dans l’industrie.

Par Sarah Micho – GlobalCitizen.org – 28 juin 2023

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