Thaïlande : la nouvelle loi sur le statut des demandeurs d’asile irrite les défenseurs des droits
En Thaïlande, une nouvelle loi sur le statut des demandeurs d’asile est loin de faire l’unanimité chez les associations de défense des droits qui reprochent à la Thaïlande d’ignorer les standards internationaux en matière de droits des réfugiés et de substituer aux organisations internationales.
La nouvelle réglementation vient répondre à un vide juridique : jusqu’ici rien dans la loi thaïlandaise ne distinguait un demandeur d’asile pour raisons politiques à un migrant économique. Dorénavant, les étrangers qui peuvent attester d’un risque de persécution dans leur pays d’origine seront autorisés à rester sur le territoire ; nourris logés, mais pas autorisés à travailler.
Pour les associations, la loi ne représente pas un progrès parce qu’elle ne prend pas en compte les standards internationaux en vigueur pour l’identification et le traitement réfugiés politiques. « La Thaïlande, dit Phil Robertson de l’ONG Human Rights Watch, n’a pris aucun engagement international en faveur des droits des réfugiés. »
« Beaucoup d’individus pourraient se voir refuser le statut de réfugiés »
« Nous sommes ici, poursuit-il, dans une situation où c’est la police elle-même qui va monter les dossiers sur des critères très vagues entièrement soumis à la législation sécuritaire du gouvernement thaï. Le résultat, c’est que beaucoup d’individus pourraient se voir refuser le statut de réfugiés même s’ils ont de bonnes raisons de le revendiquer. »
Le rôle de la police thaïlandaise, qui prend le pas sur des institutions internationales telles que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, est vivement critiqué, ses officiers étant accusés de tirer des revenus des étrangers en situation irrégulière, notamment des centaines de milliers de réfugiés Birmans, qui souhaiteraient bénéficier d’un double statut : travailleurs migrants, d’une part, mais aussi menacés de mort s’ils rentraient en Birmanie.
Par Carol Isoux – Radio France Internationale – 23 septembre 2023