Birmanie : des affrontements entre rebelles et armée birmane à la frontière inquiètent la Chine
Des violents combats entre l’armée birmane et des groupes rebelles ont entraîné ces quatre derniers jours le déplacement interne de plus de 6 000 personnes dans l’État birman de Shan, autour de la frontière avec la Chine.
Selon l’ONU, plusieurs centaines de personnes auraient fui de l’autre côté de la frontière, poussant Pékin à dépêcher mardi 31 octobre son ministre de la Sécurité publique à Naypyidaw, la capitale birmane, pour des discussions avec la junte birmane.
Trois importants groupes ethniques rebelles – regroupant 15 000 combattants, selon les estimations d’experts – avaient lancé vendredi 27 octobre une opération conjointe dans l’État Shan, au nord du pays. Cela pour s’emparer de plusieurs avant-postes et routes stratégiques sous contrôle de l’armée birmane.
L’alliance des groupes ethniques a annoncé avoir réussi à couper une route hautement stratégique, par laquelle transite un quart du commerce avec le voisin chinois, et s’être emparé d’une ville frontalière coupant l’accès de la junte à la Chine.
Si ces informations sont impossibles à vérifier de manière indépendante, elles indiquent l’objectif visé par les rebelles : détériorer les relations entre la junte et Pékin. Le voisin chinois reste l’un des principaux fournisseurs d’armes et continue de refuser de qualifier la prise de pouvoir par les militaires en février 2021 de coup d’État.
Surtout, depuis la prise de pouvoir des militaires, les trois mouvements engagés dans les combats – l’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’Armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) – affrontent régulièrement les forces gouvernementales pour obtenir l’autonomie et le contrôle des ressources.
Côté chinois, les affrontements à sa frontière sont vus d’un mauvais œil : ils ne sont pas bons pour le commerce, ni le grand projet d’y développer un réseau ferroviaire dans le cadre des « Nouvelles routes de la soie ».
Pékin a exigé de Naypyidaw, via son ministre de la Sécurité publique Wang Xiaohong, de rétablir la paix et la tranquillité dans cette région. Le ministre chinois a rencontré le ministre de l’Intérieur de la junte birmane, le lieutenant-général Yar Pyae, dans la capitale Naypyidaw, a rapporté le journal Global New Light of Myanmar. Les deux hommes ont « discuté de la paix et de la tranquillité dans les zones frontalières des deux pays » ainsi que de la coopération en matière d’application de la loi et de sécurité, a indiqué l’organe officiel, sans donner de détails.
Certains analystes affirment toutefois qu’en plus d’armer la junte birmane, la Chine arme également plusieurs groupes le long de sa frontière avec la Birmanie.
Radio France Internationale – 31 octobre 2023
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