Birmanie : des centaines de milliers de jeunes tentent de fuir pour échapper au service militaire obligatoire
En Birmanie, la junte a suspendu, depuis le 1er mai, les permis de travail à l’étranger. Une tentative pour empêcher les jeunes de fuir vers les pays voisins, principalement en Thaïlande où des centaines de milliers de jeunes hommes et femmes tentent de se réfugier pour échapper au service militaire obligatoire instauré depuis le mois de février dernier.
Depuis l’annonce en Birmanie d’un service militaire obligatoire pour les jeunes hommes âgés de 18 à 35 ans et les jeunes femmes de 18 à 27 ans, des centaines de milliers de jeunes ont tenté de s’enfuir chez leur voisin thaïlandais. Les files d’attente devant les ambassades étrangères à Rangoun se sont allongées et les demandes auprès des agences de travail à l’étranger ont explosé, car jusqu’ici les travailleurs à l’étranger étaient dispensés de faire leur service militaire.
« J’ai passé illégalement la frontière thaïlandaise »
Alors que la junte vient d’annoncer la suspension de ces permis de travail, des milliers de Birmans tentent de passer la frontière illégalement, comme Thint, 34 ans, qui vient d’arriver à Mae Sot, une ville frontalière, côté thaïlandais. « Juste après le coup d’État, raconte-t-il, je me suis engagé dans l’activisme contre la junte et j’ai été arrêté. Je viens de passer près de trois ans en prison et alors que je venais tout juste d’être libéré et de rentrer chez moi, les militaires ont annoncé la conscription. Quoi, maintenant, je devrais aller me battre sous l’uniforme de l’armée birmane ? Non, c’est impensable pour moi, et pour tous mes amis aussi d’ailleurs. Alors, j’ai passé illégalement la frontière thaïlandaise. Nous n’avons pas le choix. Une armée doit protéger son peuple, celle-là ne fait que le massacrer, je ne me battrai jamais pour elle. »
Deux à trois millions de Birmans travaillent déjà en Thaïlande. Les migrants illégaux y sont exposés à des conditions extrêmement précaires, régulièrement dénoncées comme de « l’esclavage moderne » par les organisations internationales. La junte militaire au pouvoir en Birmanie fait face à une opposition coordonnée de la part de la société civile et des guérillas ethniques sans précédent dans l’histoire du pays.
Par Carol Isoux – Radio France Internationale – 9 mai 2024
Articles similaires / Related posts:
- Des combats en Birmanie poussent 2.500 personnes en Thaïlande Au moins 2.500 personnes, dont plusieurs centaines d’enfants, ont fui l’intensification des combats entre l’armée birmane et les rebelles des minorités ethniques et se sont réfugiées de l’autre côté de la frontière thaïlandaise, ont fait savoir les autorités thaïlandaises et un organisme humanitaire....
- La Thaïlande reconduit des réfugiés en Birmanie alors que les combats continuent La Thaïlande a reconduit plus de 600 réfugiés birmans qui avaient fui les combats entre l’armée et les rebelles de l’autre côté de la frontière, selon un gouverneur de province thaïlandais qui a déclaré dimanche que les affrontements se poursuivaient....
- Des centaines de personnes fuient en Thaïlande après des raids aériens au Myanmar Environ 4 200 personnes sont passées en Thaïlande après des attaques aériennes de l’armée birmane sur une zone tenue par les rebelles....
- 7 000 Birmans demandent un visa pour échapper à la conscription Plus de 7 000 Birmans ont demandé un visa à l’ambassade de Thaïlande à Rangoun pour échapper à la conscription obligatoire dans leur pays, selon les chiffres du ministère thaïlandais des Affaires étrangères mercredi 21 février....
- Birmanie : coup d’État militaire sur fond d’intérêts personnels Ce lundi 1er février, l’armée birmane a pris le pouvoir, emprisonnant les dirigeants du pays dont la leader historique Aung San Suu Kyi, et le président de la République Win Myint. Depuis novembre, la junte a dénoncé des élections législatives frauduleuses, mais les intérêts personnels de l’homme fort de l’armée semblent être un motif plus convaincant....