Au Vietnam, une figure du journalisme local arrêtée pour ses publications sur les réseaux sociaux
Peu avant son arrestation, le journaliste Huy Duc avait pris pour cible le nouveau président To Lam ainsi que le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong.
Les autorités vietnamiennes ont arrêté une figure du journalisme indépendant du pays pour « avoir abusé des libertés démocratiques » dans le but de nuire à l’Etat au moyen d’articles publiés sur le réseau social Facebook, a annoncé la police samedi 8 juin, confirmant une information de RFI, qui affirme que l’arrestation a eu lieu le 1er juin.
Le journaliste Truong Huy San, connu également sous le pseudonyme Huy Duc, est incarcéré dans le cadre d’une enquête sur des écrits qui « violent les intérêts de l’Etat, les droits légitimes et les intérêts d’organisations et d’individus », a précisé le ministère de la sécurité publique.
Agé de 62 ans, M. Truong a collaboré avec d’influents titres de la presse vietnamienne. Il avait été licencié en 2009 d’un journal pour avoir critiqué l’Union soviétique, alliée historique du Vietnam, notamment durant la guerre qui opposait le pays asiatique aux Etats-Unis.
Peu avant son arrestation, le journaliste avait pris pour cible le nouveau président To Lam ainsi que le secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong, ainsi que d’autres personnalités de la vie politique nationale.
« Source inestimable d’informations »
Le Vietnam, dont le système politique repose sur un parti unique, le Parti communiste, contrôle strictement la liberté d’expression. Le pays figure à la 174e place sur 180 du classement de la liberté de la presse constitué par l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et est l’un des Etats qui recourent le plus à l’emprisonnement des journalistes selon l’organisation.
RSF a d’ailleurs appelé à sa libération. Selon un communiqué de son directeur pour l’Asie-Pacifique, Cédric Alviani, « les articles du journaliste indépendant Huy Duc sont une source inestimable d’informations permettant aux Vietnamiens d’accéder à des informations (autrement) censurées par le régime de Hanoï ».
Des défenseurs des droits humains affirment que le pouvoir vietnamien a accru les mesures répressives à l’encontre de la société civile ces dernières années. Des milliers de personnes, dont des hauts responsables du gouvernement et des dirigeants d’entreprises, ont été appréhendées dans ce que Hanoï décrit comme une campagne de lutte anticorruption.
« Aucun pays ne peut se développer durablement en s’appuyant sur la peur », avait écrit Huy Duc en mai sur Facebook. Sa page est désormais inaccessible au Vietnam, précise RFI.
Le Monde avec Agence France Presse – 8 juin 2024
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