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Poutine à Hanoï : le Vietnam mise sur la «diplomatie du bambou»

Après sa visite en Corée du Nord, le président russe Vladimir Poutine a foulé, ce jeudi 20 juin, le tapis rouge déroulé par le régime communiste vietnamien. Cette visite provoque l’ire de Washington, neuf mois après celle du président américain Joe Biden et alors que la Cour pénale internationale (CPI) a émis, en mars 2023, un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine. Mais le Vietnam continue de miser sur sa traditionnelle « diplomatie du bambou ». Explication.

Les drapeaux russes cousus pour l’occasion, les décorations florales autour de la statue de Lénine à Hanoï et les « matriochkas », ces poupées russes vendues dans les kiosques de la capitale pour célébrer l’amitié entre le Vietnam et la Russie, irritent passablement Washington. Si Vladimir Poutine peut voyager à sa guise, « cela pourrait banaliser les violations flagrantes du droit international par la Russie », a fait savoir l’ambassade américaine à Hanoï, en déclarant qu’« aucun pays ne devrait donner l’occasion à Vladimir Poutine de promouvoir sa guerre d’agression » (en Ukraine).

Washington compte sur Hanoï face à la Chine dans l’Indopacifique

Si les Américains réagissent ainsi, c’est aussi parce que Hanoï avait réservé le même accueil chaleureux au président américain en septembre dernier. 

Washington mise sur le Vietnam pour renforcer ses alliances dans l’Indopacifique face à la Chine, et dans un communiqué commun signé avec le chef du parti communiste Nguyen Phu Trong, Joe Biden avait épaulé Hanoï contre les menaces et l’usage de la force en mer de Chine du Sud. C’est là où le Vietnam et la Chine se disputent les îles Spratleys. Le président américain s’était aussi montré confiant dans la volonté d’Hanoï de fournir des semiconducteurs aux États-Unis, ce qui doit permettre aux Américains de devenir plus indépendants de la Chine.

Mais le Vietnam préfère ne pas se jeter dans les bras des États-Unis en tournant le dos ni à la Russie, ni à la Chine. Un concept appelé « la diplomatie du bambou » qui allie prudence et pragmatisme. En restant souple et sans froisser aucune des grandes puissances, le pays de 100 millions d’habitants compte se tenir à l’écart des conflits dans le monde. Cela est vrai aussi pour la guerre en Ukraine. Hanoï fait tout pour rester neutre. La dernière preuve en date : aucun représentant officiel n’a été envoyé au sommet pour la paix en Suisse. Autre raison, mise en avant cette fois par l’agence de presse officielle du Vietnam : « L’Union soviétique, puis la Fédération de Russie, a toujours été un grand ami, fidèle et intime du Vietnam. » D’ailleurs, le Vietnam ne reconnait pas la CPI et n’a donc pas l’obligation d’appliquer le mandat d’arrêt contre le président russe.

Le Vietnam dépend de Moscou pour son armement

Même si les États-Unis sont le premier partenaire commercial du Vietnam, le pays dépend toujours de Moscou pour son armement, premier fournisseur en équipement militaire. La Russie a déjà livré des armes à ses alliés communistes durant la guerre du Vietnam, et pendant des décennies, la Russie a formé de milliers de cadres du parti communiste vietnamien, dont le secrétaire général Nguyen Phu Trong. Des liens qui, aux yeux du régime à Hanoï, justifient de prendre le risque de provoquer l’ire de Washington. Puis, il y a aussi des accords en vue pour des livraisons de gaz et de pétrole russe.

Par Heike Schmidt – Radio France Internationale – 20 juin 2024

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