Vladimir Poutine crispe encore un peu plus les États-Unis avec sa visite d’État au Vietnam
Le passage du président russe en Corée du Nord avait déjà provoqué des inquiétudes. Cette fois c’est sa venue à Hanoï qui rend les États-Unis très attentifs.
ous le regard attentif de Washington. Après son passage remarqué par Pyongyang, le chef d’État russe Vladimir Poutine a poursuivi ce jeudi 20 juin sa tournée en Asie en faisant escale au Vietnam. Une présence russe qui a le don d’irriter au plus au point les Américains.
Partenaire de longue date du Vietnam, la Russie de Vladimir Poutine a débarqué à Hanoï pour une nouvelle rencontre sous le signe du renforcement des liens entre les deux pays. Avec un copier-coller pas loin d’être parfait de sa récente venue en Corée du Nord pour signer un accord de défense qui inquiète les Occidentaux, tout en tissant de nouveaux liens étroits entre Moscou et Pyongyang.
À Hanoï, Vladimir Poutine doit cette fois discuter de collaboration dans « les domaines commerciaux et économiques, scientifiques, technologiques et humanitaires », comme le rapportent les agences de presse russe.
Crispation américaine
Si cette venue est une manière pour Vladimir Poutine de renforcer le passé commun entre les deux pays, la présence de la Russie dans un État aux nombreux liens commerciaux avec les États-Unis ne doit rien au hasard. Et pour cause, les récents gestes de rapprochement entre le Vietnam et les États-Unis se sont finalement concrétisés en septembre 2023 par une visite du président américain Joe Biden. Ce qui avait permis la signature d’un accord diplomatique encore impensable quelques années plus tôt.
Comme le rapportent la BBC et The Guardian ce jeudi, cette démonstration du soutien diplomatique dont bénéficie une fois encore la Russie dans cette région est vécu par les Américains comme un risque de normalisation des « violations flagrantes du droit international » par la Russie. Mais surtout comme nouvelle tribune offerte au président russe de promouvoir sa guerre en Ukraine.
Il faut dire que le Vietnam, soucieux d’améliorer ses relations avec l’Occident, reste toutefois très discret sur le sujet de l’Ukraine. Une position singulière, mais surtout « équilibrée », que Vladimir Poutine a forcément souhaité saluer une fois arrivé sur place. La Russie et le Vietnam partagent aussi une lecture « similaire » de la situation en Asie-Pacifique, a-t-il souligné.
Une manière aussi pour Vladimir Poutine de tester la solidité de la stratégie diplomatique vietnamienne. Avec sa diplomatie dite « du bambou », le pays prône en effet une ligne particulièrement flexible et prudente. Ce qui lui permet de maintenir une distance égale entre les superpuissances rivales que sont la Chine (et la Russie) ainsi que les États-Unis.
Poutine place ses pions
De ce fait, la guerre en Ukraine n’a jamais provoqué de prise de position franche au Vietnam, malgré ses liens avec les États-Unis et le risque de sanction en cas de rapprochement trop sérieux avec les Russes. Il faut dire que Moscou a livré des armes à ses alliés communistes durant la guerre du Vietnam, et contribué pendant des décennies à la formation de nombreux cadres du Parti communiste vietnamien, à commencer par Nguyen Phu Trong, l’actuel secrétaire général que Vladimir Poutine doit rencontrer ce jeudi.
Aujourd’hui, la Russie continue de vendre au Vietnam une grande partie de ses armes et équipement militaires, dans un contexte de tensions en mer de Chine méridionale où Hanoï s’inquiète des visées expansionnistes de Pékin. Les questions de défense seront donc sur la table des discussions.
En accueillant Vladimir Poutine sur son sol alors qu’il est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), Hanoï s’expose aussi au mécontentement de ses partenaires occidentaux. Bien que le Vietnam ne soit pas membre de la CPI.
Pour Poutine, cette visite a donc tout d’un test pour jauger jusqu’où il peut engager les discussions avec le Vietnam, sans s’attirer les foudres des autres puissances mondiales. Ce qui devrait se concrétiser par des accords sur le volet économique, en plus du volet défense. Avec des projets de coopération accrue dans le domaine de l’énergie, des technologies, de l’éducation et du tourisme.
Par Maxime Birken – Huffington Post avec Agence France Presse – 20 juin 2024
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