Le Cambodge met ses activistes environnementaux derrière les barreaux
La condamnation, mardi 2 juillet, de dix défenseurs de l’environnement marque une accentuation de la répression des voix critiques.
Le mardi 2 juillet, dix activistes du collectif Mother Nature Cambodia, âgés de 23 à 43 ans, ont été condamnés à des peines de prison allant de 6 à 8 ans. La justice du pays, à la solde du pouvoir autoritaire en place, les a reconnus coupables de « complot
» à l’encontre du gouvernement et « d’insultes envers le roi
».
Les faits reprochés remontent à 2021, quand les militants ont alerté sur le déversement de déchets dans la rivière Tonle Sap, en face du palais royal de Phnom Penh.
Des vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux
Pour alerter sur les problèmes environnementaux au Cambodge, où la nature est régulièrement sacrifiée au nom de la croissance économique et des intérêts des puissants, le collectif multipliait les vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux. Celles-ci sensibilisaient aussi bien sur la pollution liée au déversement d’eaux usées dans le Mékong, que sur les menaces du dragage de sable dans la province côtière de Koh Kong. L’année dernière, le groupe avait reçu le Right Livelihood Award, décerné par un prestigieux institut suédois.
En réaction à ce lourd verdict, les organes de défense de droits humains ont fait part de leurs inquiétudes. Au lieu d’écouter les jeunes leaders à la pointe du mouvement environnemental, le gouvernement cambodgien a choisi d’emprisonner ceux qui osent s’exprimer
, a déclaré l’ONG Amnesty International. L’utilisation croissante par les autorités cambodgiennes du crime de lèse-majesté et d’autres articles du Code pénal cambodgien pour sanctionner l’exercice des droits de l’homme est très inquiétante
, a pour sa part déclaré le porte-parole des Nations Unis pour les droits humains.
Un mouvement plus large de répression
Ces condamnations s’inscrivent dans un mouvement plus large de répression des voix critiques dans le pays, qui pointe à la 151e place sur 180 au classement sur la liberté de la presse. En 2021 et 2022, trois des activistes condamnés, Thun Ratha, Phuon Keoraksmey et Long Kunthea, avaient déjà passé 14 mois derrière les barreaux. Elles avaient alors été reconnues coupables de troubles à l’ordre public
pour avoir organisé une marche pacifique contre le remblaiement d’un lac au nord de la capitale.
Par François Camps – Ouest France – 3 juillet 2024
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