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Cambodge : le Premier ministre inaugure la construction d’un canal controversé sur le Mékong

Ce 5 août, le Cambodge célèbre la pose de la première pierre dans la construction d’un gigantesque canal qui doit relier la région de Phnom Penh à la côte cambodgienne. Un chantier pharaonique qui a déjà débuté, et doit permettre au pays de moins dépendre de son voisin, le Vietnam. Mais le canal suscite des interrogations environnementales et économiques.

Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a inauguré ce lundi 5 août en grande pompe le chantier d’un canal controversé, le Funan Techo, devant relier le fleuve Mékong au golfe de Thaïlande. Il s’agit d’un projet « historique » qu’il faudra achever « à tout prix » à l’horizon 2028, a assuré le dirigeant.

À première vue, le futur canal semble être une bonne idée, explique Brian Eyler, spécialiste du bassin du Mékong au Stimson center, un groupe de réflexion américain, joint par Justine Fontaine du service Économie de RFI. « C’est important pour le Cambodge, dont l’économie repose en bonne partie sur la production de biens manufacturés, qui sont ensuite exportés. Aujourd’hui, ces produits doivent passer par le Mékong, jusqu’au Vietnam, où ils sont ensuite transbordés sur des porte-container. Le nouveau canal permettrait d’éviter de passer par le Vietnam ». En effet, le futur canal doit permettre aux navires naviguant sur le Mékong de rejoindre le golfe de Thaïlande en évitant de passer par le Vietnam, où se trouve l’embouchure du plus long fleuve d’Asie du Sud-Est.

Coût faramineux

Le projet de 180 kilomètres de long devrait être financé par une entreprise chinoise et pourrait créer des dizaines de milliers d’emplois dans l’un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud-Est. Le gouvernement a d’ailleurs loué les milliers d’emplois créés par l’infrastructure, qui limitera la dépendance du Cambodge vis-à-vis de son voisin vietnamien.

Mais le coût réel du canal est probablement sous-évalué, reprend Brian Eyler : « Le projet est évalué à 1,7 milliard de dollars, un montant assez élevé pour le Cambodge. Mais il devrait en réalité coûter deux ou trois fois plus cher, voire davantage, car il faudra beaucoup de moyens pour protéger les digues du canal face aux inondations et autres catastrophes naturelles. Et il sera construit dans une zone qui est inondée quatre à cinq mois de l’année. »

Mais les bénéfices économiques vantés se heurtent à un flot d’incertitudes sur l’usage du canal, son financement, le sort des riverains habitant sur le tracé, et son impact sur le débit du Mékong. Enfin, le canal pourrait contribuer à assécher des rizières au Vietnam, l’un des grands exportateurs mondiaux de riz.

Radio France Internationale – 5 août 2024

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