Rencontre France – Thaïlande alors que le régime birman s’écroule
Un diplomate français s’est rendu en Thaïlande pour discuter de la situation en Birmanie alors que la junte birmane est dans une situation critique.
Alors que les rebelles continuent de gagner du terrain et sont en passe de prendre le contrôle de Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie, la France cherche peut-être à garder une influence sur le pays.
La prise de Mandalay par les Britanniques en 1885 avait mis fin au dernier royaume birman indépendant et sa perte serait un coup très dur pour la junte.
La France et la compagnie pétrolière Total ont été les principaux soutiens du régime birman pendant des décennies et il est évident que si la junte tombe, le nouveau pouvoir, quel qu’il soit, s’éloignera de la France.
Bien que Total ait officiellement mis fin à ses activités dans le pays après le dernier coup d’État, les opposants à la junte ont reproché à la France d’avoir financé une conférence en présence de représentants du régime en décembre 2023.
D’un autre côté, la Thaïlande a été accusée par un rapport de l’ONU d’avoir doublé ses livraisons d’armes à la Birmanie en 2023.
Depuis la divulgation de ce rapport, la Thaïlande a annoncé qu’elle allait agir pour arrêter ses livraisons.
Mais, ces deux pays, la France et la Thaïlande, ont un passé de bonne entente et d’intérêt commun avec la junte birmane.
Il se pourrait aussi que le pays qui aura le plus à gagner dans l’après-junte-militaire soit la Chine, qui aurait pu, mais n’a pas empêché les attaques des rebelles.
Il faut aussi se souvenir qu’après le coup d’État qui a évincé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi en février 2021, la junte avait affirmé avoir agi car Aung San Suu Kyi se rapprochait trop de la Chine.
Le fait que le régime militaire birman reste en place arrangeait donc peut-être aussi secrètement d’autres pays occidentaux, comme les États-Unis.
On peut donc légitimement se demander ce qu’il y a derrière cette rencontre de deux pays qui auraient des intérêts communs à ce que le pouvoir actuel en Birmanie soit maintenu.
Rencontre France Thaïlande à propos de la Birmanie
M. Russ Jalichandra, vice-ministre des Affaires étrangères thaïlandais, a accueilli et discuté avec M. Christian Lechervy, envoyé spécial pour le Myanmar du Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, le jeudi 24 octobre.
M. Dusit Manapan, conseiller du ministre des Affaires étrangères, était également présent.
À cette occasion, les deux parties ont discuté de leur objectif commun de soutenir un Myanmar pacifique, stable et unifié.
Elles ont également réaffirmé l’importance de la mise en œuvre du consensus en 5 points de l’ASEAN (ou ANASE) et le rôle des pays voisins du Myanmar dans le processus de paix.
Le consensus en cinq points demande :
- La cessation immédiate de la violence dans le pays ;
- Le dialogue entre toutes les parties ;
- La nomination d’un envoyé spécial ;
- L’aide humanitaire par l’ASEAN ;
- La visite de l’envoyé spécial au Myanmar pour rencontrer toutes les parties.
La partie française a exprimé sa volonté de coopérer avec la Thaïlande et l’ASEAN pour fournir une assistance humanitaire aux personnes dans le besoin et trouver une solution durable à la situation au Myanmar.
M. Christian Lechervy, ancien ambassadeur de France au Myanmar, a été nommé envoyé spécial pour le Myanmar du ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France en juin 2024 par le président Emmanuel Macron.
Toutelathailande.fr avec The Pattaya Mail – 27 octobre 2024
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