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Mines antipersonnel : le Cambodge, pays martyr

Cap sur le Cambodge, où un sommet mondial sur la lutte contre les mines antipersonnel s’ouvre ce lundi à Siem Reap, la deuxième ville du pays. 

Cette conférence, qui dure jusqu’à vendredi, tombe à pic, moins d’une semaine après l’annonce controversée des États-Unis autorisant la livraison de ces armes dévastatrices à l’Ukraine. Ce sommet qui a lieu tous les cinq ans est donc organisé cette année au Cambodge, un pays qui a une longue histoire avec les mines antipersonnel.

Les décennies de guerre civile et de conflit ont transformé une partie du Cambodge en champ de mines. Jusqu’à dix millions de mines terrestres et autres munitions non explosées étaient enfouies sous le sol au début des années 90, soit plus de mines que d’habitants à l’époque.

Conséquences : un désastre humanitaire. Depuis 1979, date marquant la fin du génocide cambodgien perpétré par les Khmers rouges qui, rappelons-le, a fait 2 millions de morts, les explosions de mines au Cambodge ont tué près de 20 000 personnes et en ont blessé deux fois plus.

Aujourd’hui, c’est un pays qui recense l’un des plus forts taux de personnes amputées par habitant.

Le Cambodge est, à l’heure actuelle, toujours aux prises avec les mines antipersonnel. Le pays demeure extrêmement contaminé. Plus de 500 km2 de terres, soit près de cinq fois Paris, seraient encore affectés par des mines antipersonnel. Principalement le long de sa frontière avec la Thaïlande, dans une région montagneuse et difficile d’accès.

Et même si son objectif initial de se débarrasser totalement des mines en 2025 semble peu réalisable, le Cambodge a tout de même effectué un immense travail de décontamination. Au cours des cinq dernières années, c’est le pays qui, en termes de superficie, a déminé le plus de terrains au monde.

En fait, l’histoire tragique du Cambodge a poussé le pays à développer l’une des meilleures expertises au monde en matière de déminage. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, par exemple, des démineurs ukrainiens ont été formés par des experts cambodgiens.

Le sommet mondial qui débute aujourd’hui est ainsi l’occasion pour le Cambodge de réaffirmer son leadership dans ce domaine.

Quels sont aujourd’hui les enjeux de cette conférence internationale ?

Intitulé, « Pour un monde sans mine », ce sommet entend réunir des représentants des 164 États membres de la Convention d’Ottawa, signée en 1997, sur l’interdiction des mines antipersonnel. Objectif : évaluer les progrès accomplis dans cette lutte.

Mais cette année est particulière. Notamment à cause de l’annonce inattendue, la semaine passée, des États-Unis, par ailleurs non-signataires de cette convention, d’autoriser la livraison de mines antipersonnel à l’Ukraine.

Réaction de Yeshua Moser-Puangsuwan, expert rattaché à la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel : « Dans ce contexte global actuel, réunir tout un ensemble de pays pour travailler conjointement et efficacement à la résolution d’une telle problématique n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui en raison de la fragmentation croissante de l’environnement international. »

Et ce d’autant plus que, selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire des mines auquel ce chercheur a participé, le nombre de victimes des mines antipersonnel en 2023 qui, pour leur immense majorité sont des civils, a augmenté de 22% par rapport à l’année précédente.

Par Valentin Cebron – Radio France Internationale – 25 novembre 2024

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