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Le Cambodge en bonne voie pour achever de déminer ses terres

À partir de ce lundi 25 novembre, et jusqu’au 29 novembre, se tient à Siem Reap un sommet mondial visant à lutter contre les mines antipersonnel. Si le Cambodge est le pays qui a le plus déminé au monde, il reste encore beaucoup à faire pour venir à bout de ce fléau.

« Près d’un million de personnes vivent dans des zones affectées par des mines », lançait le premier ministre cambodgien, il y a un mois, devant des volontaires de la Croix-Rouge, à Phnom Penh. « La guerre ne tue pas seulement les gens au combat, ajoutait Hun Manet. Au Cambodge, elle continue de faire des victimes à cause des mines antipersonnel. » Avec 515 km2 de terres contaminées, l’équivalent de cinq fois Paris, ce pays d’Asie du Sud-Est de 17 millions d’habitants demeure l’un des plus touchés au monde par ce fléau.

D’après l’Autorité cambodgienne d’action contre les mines et d’assistance aux victimes (CMAA), les décennies de conflit ont laissé, au début des années 1990, entre quatre et six millions de mines terrestres et autres munitions non explosées enfouies sous terre. Jusqu’à dix millions, selon des ONG, soit plus de mines que d’habitants à l’époque. Entre 1979, qui marque la fin du génocide perpétré par les Khmers rouges, et juin 2024, les explosions de mines ont tué 19 830 personnes, et en ont blessé 45 242. De fait, le Cambodge compte l’un des plus forts taux d’amputés par habitant de la planète.

De vastes champs de mines à la frontière avec la Thaïlande

« Ces restes d’explosifs de guerre continuent de menacer la sécurité des civils et d’entraver le développement socio-économique du Cambodge », souligne Elliot de Faramond, de l’ONG Handicap International. L’objectif que s’était fixé le Cambodge de s’en débarrasser d’ici à 2025 semble peu réalisable : le régime devrait prolonger la date butoir pour déminer l’ensemble de son territoire, ajoute l’expert.

L’an passé, le gouvernement a consacré 30 millions de dollars à l’élimination des mines terrestres. Mais il lui en faudrait 132 millions de plus pour venir à bout de cette menace, principalement localisée sur les reliefs montagneux de Dângrêk, dans le nord du pays. « C’est dans cette zone accidentée, le long de la frontière avec la Thaïlande, que de vastes champs de mines — la “ceinture K5” – furent posés durant l’occupation vietnamienne du Cambodge », retrace Yeshua Moser-Puangsuwan, de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL).

Le Cambodge leader dans ce domaine

Il rappelle que le pays a commencé à déminer ses sols avant la convention d’Ottawa (1997) sur l’interdiction des mines antipersonnel, dont l’ICBL est à l’origine (ce qui lui vaudra le Nobel de la paix en 1997). Depuis, « le Cambodge a réalisé un remarquable travail de déminage », note ce chercheur qui a contribué au dernier rapport de l’Observatoire des mines.

Au cours des cinq dernières années, c’est le pays qui a déminé le plus au monde : rien qu’en 2023, 167 km2 de terrains ont été décontaminés, indique ledit rapport publié le 20 novembre, juste avant la décision controversée des États-Unis d’autoriser des livraisons de mines antipersonnel à l’Ukraine.

Touché de plein fouet par ces armes aveugles, le Cambodge a développé « l’une des meilleures expertises au monde en matière de déminage », affirme Yeshua Moser-Puangsuwan. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le pays a ainsi formé des démineurs ukrainiens.

Le sommet international Pour un monde sans mines, que le royaume organise à partir de ce lundi et jusqu’au 29 novembre, à Siem Reap, sera l’occasion pour le Cambodge de réaffirmer son leadership dans ce domaine.

Par Valentin Cebron – La Croix – 25 novembre 2024

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