La France accompagne le Vietnam dans la réalisation de sa ligne à grande vitesse
Le Vietnam et la France renforcent leur coopération dans le domaine ferroviaire. Lors d’une conférence à l’ambassade de France à Hanoï, les représentants de l’AFD et de la SNCF ont détaillé leur soutien au développement des infrastructures ferroviaires vietnamiennes. Avec pour horizon 2035, le projet ambitieux de ligne à grande vitesse reliant Hanoï à Hô Chi Minh-Ville s’inscrit dans un partenariat stratégique global axé sur la transition énergétique et le transfert de savoir-faire.
Vendredi 17 janvier, l’ambassade de France à Hanoï a accueilli une conférence de presse pour revenir sur la récente collaboration entre l’Agence Française de Développement (AFD) et le ministère des Transports vietnamien. En début de semaine, une délégation de la SNCF a organisé un atelier au Vietnam avec les équipes férroviaire vietnamienne pour partager son expertise dans le domaine. « On a senti qu’on était dans cette même famille cheminote, et que ces projets bénéficieront de l’expertise et du savoir-faire local vietnamien. On a vu des interlocuteurs avec des envies et un potentiel », a déclaré Diego Diaz, directeur international de la SNCF.
Hervé Conan, directeur de l’AFD, a présenté les principaux axes de soutien de l’agence, formalisés dans un protocole d’entente avec le ministère des Transports vietnamien. Celui-ci inclut le financement de projets, une assistance technique et la mise en place d’un fonds d’expertise technique. « Cette mission s’inscrit dans une démarche structurée des relations entre la France et le Vietnam, dans ce partenariat stratégique global. Les enjeux comme la transition énergétique et la décarbonation des transports pour atteindre zéro émission sont au cœur de nos priorités. Ce n’est pas un projet ponctuel, mais une volonté de structurer une coopération de long terme avec le Vietnam », a expliqué Hervé Conan.
Hanoï-Haïphong comme projet pilote
Le Vietnam ambitionne de moderniser son réseau ferroviaire tout en développant une ligne à grande vitesse reliant Hanoï à Hô Chi Minh-Ville d’ici 2035. Pour cela, la France accompagne cette transition en transférant son savoir-faire technique, financier et commercial, et en formant les ressources humaines nécessaires pour garantir l’autonomie du Vietnam dans l’exploitation et la maintenance des infrastructures.
Une première étape de ce vaste projet concerne la réhabilitation et la décarbonation de la ligne Hanoï-Haïphong. Ce projet pilote, soutenu par l’AFD et le ministère des Transports, a pour but d’identifier des solutions optimales. « Une étude de préfaisabilité a été proposée par le service économique pour explorer les options de réhabilitation et modernisation des lignes ferroviaires », a précisé Diego Diaz.
La délégation française a également exploré cette ligne, d’abord en voiture, puis en train. « Sur place, nous avons organisé des réunions pour apprendre à mieux nous connaître, et avons mené deux jours de formations des équipes vietnamienne. Nous avons abordé des sujets variés, comme l’économie des transports, le choix des services pour les voyageurs, et les erreurs à éviter. Une demi-journée a aussi été consacrée aux enjeux de sécurité », a détaillé Diego Diaz.
Une ligne à grande vitesse ambitieuse mais « pas irréalisable »
La future ligne à grande vitesse Hanoï-Hô Chi Minh-Ville, longue de 1 570 kilomètres, représente un investissement colossal estimé à 56 milliards de dollars. « Créer une ligne à grande vitesse demande de bâtir un écosystème entier. Nous apportons notre expertise pour que le Vietnam fasse les meilleurs choix possibles, qu’il s’agisse de sujets techniques, financiers ou commerciaux », a expliqué Diego Diaz.
Il a également souligné l’importance de la durabilité des infrastructures, face aux défis climatiques du Vietnam, « la ligne à grande vitesse, ce n’est pas une question de milliards ou de relier un point de départ à un point d’arrivée. C’est tout un écosystème complexe à développer pour permettre aux trains vietnamiens de passer de 60 km/h à plus de 300 km/h, ce qui change radicalement la donne. Cela est d’autant plus crucial dans un pays vulnérable comme le Vietnam, où les infrastructures doivent être durables face à des défis climatiques majeurs tels que les typhons, les pluies torrentielles et les glissements de terrain, comme ceux observés ces derniers mois.
L’expérience marocaine comme modèle inspirant
Pour illustrer cette collaboration, Diego Diaz a évoqué le succès de la LGV Tanger-Casablanca, la première ligne à grande vitesse d’Afrique, inaugurée en 2018. « Au Maroc, nous avons mis en place un institut de formation ferroviaire qui a permis de former les équipes locales à la maintenance du TGV. Nous avons aussi envoyé des experts pour superviser et corriger les actions sur le terrain. » Les experts de la délégation ont aussi évoqué la possibilité que le TGV vietnamien fonctionne grâce aux énergie propre. Au Maroc, une grande partie de la ligne est alimentée grâce à l’énergie éolienne produite par ses parcs éoliens.
Cependant, les ambitions du Vietnam dépassent celles de la LGV marocaine. « Nous sommes sur un projet bien plus vaste que les 450 kilomètres de Tanger-Casablanca. C’est une ambition claire, mais pas irréalisable. Chaque kilomètre peut réserver des surprises, mais avec l’expertise accumulée par la France, nous pourrons proposer des solutions adaptées et aider le Vietnam à concrétiser ses objectifs ambitieux », a conclu Diego Diaz.De plus, la France a déjà collaboré avec le Vietnam dans cette optique de réduction des émissions de carbone, notamment lors de l’élaboration du projet de métro à Hanoï.
Par Guillaume Marchal – Lepetitjournal.com – 18 janvier 2025
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