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Crise politique en Thaïlande : un troisième Premier ministre en trois jours

La Thaïlande est plongée dans une crise politique avec des changements rapides à la tête du gouvernement et des enjeux judiciaires autour de la dynastie Shinawatra

Un gouvernement remanié va prêter serment devant le roi jeudi, avec un nouveau Premier ministre intérimaire à sa tête, le troisième en trois jours, alors que la Thaïlande traverse une énième crise politique, centrée autour de la dynastie Shinawatra. Phumtham Wechayachai, 71 ans, futur ministre de l’Intérieur, est appelé à relever Suriya Jungrungreangkit, qui a pris les commandes provisoires du cabinet après la suspension par la justice de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, mardi.

Bien qu’au cœur d’une procédure devant la Cour constitutionnelle qui risque de conduire à sa destitution, Paetongtarn Shinawatra doit occuper la fonction de ministre de la Culture, ce qui lui permettra de garder un œil à l’intérieur des affaires de l’État. La crise en cours est appelée à durer des semaines, voire des mois, le temps que les juges délibèrent sur le cas de la dirigeante, accusée de manquements à l’éthique lors d’un appel avec l’ex-Premier ministre cambodgien Hun Sen qui a fuité. Plus jeune Première ministre qu’ait connue le royaume (38 ans), Paetongtarn Shinawatra est l’héritière de la dynastie initiée par son père Thaksin Shinawatra, qui a longtemps incarné l’alternative au statu quo défendu par l’establishment militaro-royaliste.

Quel avenir pour la dynastie Shinawatra ?

Depuis les années 2000, leurs querelles tenaces ont nourri la réputation d’instabilité du royaume, de quoi dissuader les investisseurs et laisser flotter en permanence le scénario d’un coup d’État. Aujourd’hui, le gouvernement se trouve au devant de décisions cruciales, liées à la menace de se voir imposer une surtaxe de 36 % sur ses exportations vers les États-Unis. Des émissaires de Bangkok doivent rencontrer des représentants de la Maison Blanche jeudi.

Phumtham Wechayachai est considéré comme un loyal lieutenant de Thaksin Shinawatra, le charismatique milliardaire qui a dynamité les codes de la politique thaïlandaise dans les années 2000, avec un style à mi-chemin entre libéralisme et autoritarisme, qui lui a valu autant l’adulation des milieux ruraux que la haine des élites de Bangkok.

Le clivant magnat des télécoms, qui a dirigé le pays de 2001 à 2006 jusqu’à un coup d’État, est aussi dans le collimateur de la justice : son procès pour lèse-majesté, pour lequel il risque jusqu’à 15 ans de prison, a débuté mardi et les auditions doivent durer jusqu’à la fin du mois de juillet. Avant son intronisation, Phumtham Wechayachai a assuré que Paetongtarn Shinawatra allait « survivre à l’enquête ».

Tensions avec le Cambodge

Ce vieux routier de la politique locale, qui a participé au mouvement étudiant communiste dans les années 1970, a occupé le poste de ministre de la Défense dans le précédent gouvernement, sans avoir réussi à endiguer la montée des tensions à la frontière avec le Cambodge, après la mort d’un soldat khmer à la suite d’un échange de tirs nocturnes fin mai.

Bien que le climat soit toujours miné avec le voisin cambodgien, le poste de ministre de la Défense a été laissé vacant dans le nouveau cabinet.

Par le passé, l’instabilité gouvernementale a aussi servi de justification à l’armée pour prendre le pouvoir. La Thaïlande a connu une douzaine de coups d’État réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932, et le dernier putsch remonte à 2014, contre la sœur de Thaksin Shinawatra, Yingluck Shinawatra.

Sud Ouest avec Agence France Presse – 3 juillet 2025

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