Le gouvernement peut-il vraiment contenir la dette sous 70 % ?
La Thaïlande s’est dotée d’un nouveau cadre budgétaire pour les cinq prochaines années. Sur le papier, l’objectif est clair : garder la dette publique sous les 70 % du PIB et montrer que le pays reste sérieux dans sa gestion financière. Dans la pratique, la mission s’annonce bien plus délicate.
Le gouvernement a serré plusieurs boulons. Le budget de réserve, celui qui peut être dépensé sans destination précise, sera limité. Le remboursement du principal de la dette devra augmenter. Et les dépenses engageant l’État sur plusieurs années seront encadrées. Autrement dit, moins de marge pour les dépenses improvisées et un effort affiché pour freiner la dette.
Ces garde-fous traduisent une volonté de rigueur, mais leur mise en œuvre ne sera pas simple.
Mais ces bonnes intentions reposent sur un pari : celui d’une croissance économique plus dynamique que ces dernières années. Le gouvernement imagine une hausse du PIB nominal entre 3,5 et 4,5 % par an. Or, dans les faits, la croissance réelle dépasse rarement les 2 %, et l’inflation reste très faible. Sans véritable moteur pour doper la productivité, atteindre ces objectifs sera difficile. Et si la croissance est plus molle que prévu, les recettes fiscales seront moins importantes, tandis que la dette augmentera plus vite que souhaité.
Autre défi : la maîtrise des dépenses publiques. Le gouvernement veut les limiter presque au gel, avec une progression d’à peine 0,2 à 1 % par an. À l’inverse, il espère voir les recettes fiscales monter plus rapidement. En clair, il faudra faire beaucoup avec très peu. Mais dans un pays où les besoins d’investissement restent importants et où la pression politique pour distribuer des aides demeure forte, imposer une telle discipline sera compliqué.
La question de la dette reste centrale
Selon les calculs officiels, elle atteindrait un pic juste en dessous du fameux plafond de 70 % en 2028 avant de reculer légèrement. Mais si la croissance du pays reste dans les niveaux modestes observés ces dernières années, la dette dépasserait ce seuil dès 2028. Et si les déficits publics persistent autour de 4 % du PIB, la dette pourrait grimper jusqu’à 75 % en 2031.
Au-delà des chiffres, un point important manque encore : les réformes de fond. Pour tenir dans la durée, la Thaïlande devra élargir son assiette fiscale, mieux cibler ses dépenses, moderniser ses procédures publiques et réduire les fuites financières liées à la corruption. Sans ce travail en profondeur, le nouveau cadre budgétaire pourrait n’être qu’un tableau bien organisé, sans véritable changement derrière.
Il existe toutefois un élément positif : les taux d’intérêt restent bas, ce qui limite la charge de la dette. Cela donne encore un peu d’air. Le gouvernement pourrait en profiter pour investir dans des projets à fort impact et pour rendre l’administration plus efficace. En réduisant la corruption et en simplifiant les procédures, il gagnerait de la marge budgétaire sans pénaliser la croissance.
Au final, le nouveau cadre fiscal fixe des objectifs ambitieux. Mais pour qu’il devienne crédible, la Thaïlande devra passer de l’intention à l’action, et engager enfin les réformes que le pays reporte depuis trop longtemps.
Gavroche-thailande.com – 23 novembre 2025
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