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En Birmanie, une frappe aérienne de la junte militaire sur un hôpital fait 31 morts

Une frappe aérienne de la junte birmane sur un hôpital de l’ouest du pays a fait au moins 31 morts, a déclaré, jeudi 11 décembre, un travailleur humanitaire sur place, alors que l’armée mène une vaste offensive à l’approche d’élections.

« La situation est terrible », a déclaré Wai Hun Aung, évoquant une frappe mercredi soir d’un avion militaire contre l’hôpital général de la ville de Mrauk U, dans l’Etat de l’Arakan, près de la frontière avec le Bangladesh. « Il y a 31 morts et nous pensons qu’il y en aura davantage. Il y a 68 blessés également et il y en aura de plus en plus », a ajouté le travailleur humanitaire. Contacté, un porte-parole de la junte n’a pas répondu dans l’immédiat.

Une vingtaine de corps enveloppés dans des couvertures reposent à l’extérieur de l’hôpital. Une aile entière a été détruite par l’explosion, qui a laissé un large cratère au sol et de nombreux gravats sur les lits.

Maung Bu Chay, un menuisier local, dit avoir perdu trois de ses proches, sa femme, sa belle-fille et le père de celle-ci. « J’ai entendu l’explosion depuis mon village, a raconté cet homme de 61 ans à l’Agence France-Presse (AFP). J’ai passé toute la nuit sans savoir où les bombes étaient tombées. » « Quand j’ai appris qu’ils [ses proches] se trouvaient dans le bâtiment complètement détruit, j’ai compris qu’ils n’avaient pas survécu », poursuit-il.

Selon les observateurs de la guerre civile birmane, la junte a intensifié ses frappes aériennes année après année après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat en 2021, qui a mis fin à une décennie d’expérience démocratique. L’armée a programmé des élections législatives à partir du 28 décembre, les présentant comme une issue possible au conflit. Mais les rebelles ont promis d’empêcher le scrutin dans les territoires qu’ils contrôlent et que la junte tente de reconquérir.

Une région sous tension

L’Etat de l’Arakan est presque entièrement contrôlé par l’Armée de l’Arakan (AA), un groupe ethnique armé actif bien avant que l’armée ne renverse le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. Le groupe a annoncé, mercredi soir, que dix patients de l’hôpital avaient été « tués sur le coup » lors de la frappe aérienne, survenue aux alentours de 21 heures (15 h 30 en France).

L’AA est devenue l’un des groupes rebelles les plus puissants dans la guerre civile qui ravage la Birmanie, aux côtés d’autres combattants issus de minorités ethniques et de partisans prodémocratie ayant pris les armes après le coup d’Etat de 2021. Les rebelles, dispersés, ont d’abord eu du mal à progresser avant que trois groupes ne lancent une offensive conjointe en 2023, mettant l’armée en difficulté et la poussant à renforcer ses troupes par la conscription.

L’AA a joué un rôle-clé dans cette « alliance des trois frères », mais ses deux factions alliées ont accepté cette année des trêves négociées par la Chine, la laissant seule à combattre. Alors que les élections organisées par la junte sont vivement critiquées par de nombreux pays et les Nations unies, Pékin estime qu’elles devraient contribuer à « rétablir la stabilité sociale » chez son voisin birman.

Même si l’AA s’est révélée être un adversaire redoutable pour la junte, ses ambitions restent largement limitées à son territoire natal de l’Arakan, bordé au sud par la baie du Bengale et au nord par des montagnes boisées. L’armée a imposé de son côté un blocus à l’Etat de l’Arakan, contribuant à une « augmentation spectaculaire de la faim et de la malnutrition », selon le Programme alimentaire mondial.

Le Monde avec Agence France Presse – 11 décembre 2025

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