La répression bancaire en Thaïlande frappe les expatriés et les locaux
La lutte contre l’argent gris en Thaïlande a entraîné un durcissement des pratiques bancaires qui frappent expatriés et citoyens respectueux des règles.
Sous couvert de lutte contre les escroqueries, les banques ont renforcé leurs contrôles et multiplié les mesures restrictives, affectant sans distinction fraudeurs et clients ordinaires.
Comptes gelés, virements bloqués et procédures opaques touchent désormais aussi bien les expatriés que les Thaïlandais, alimentant les inquiétudes sur les effets collatéraux de cette répression bancaire.
Un article de Victor Wong (Peerasan Wongsri), expert en finance et fiscalité.
Quand l’argent gris devient blanc
À tous égards, la guerre menée par la Thaïlande contre les réseaux d’escroquerie et l’argent sale était attendue depuis longtemps.
Les syndicats du crime, les comptes mules, les gangs des centres d’appels et la fraude transfrontalière ont coûté des milliards de bahts aux victimes et gravement nui à la confiance dans le système financier.
Sous pression, la Banque de Thaïlande a réagi en renforçant la conformité, en rendant les vérifications plus strictes et en imposant de nouvelles limites de transfert.
L’intention est louable, cependant, les conséquences sont de plus en plus difficiles à ignorer, en particulier dans les villes à forte population d’expatriés comme Pattaya.
Ces dernières semaines, le journal Pattaya Mail a reçu un flux constant d’e-mails de lecteurs décrivant une expérience bancaire qui ressemble moins à une réglementation prudente qu’à une punition bureaucratique pour des innocents.
Un résident de longue date l’a résumé sans détour :
« Les banques en Thaïlande sont épouvantables par rapport à celles d’autres pays.
Il est normal d’attendre des heures pour un service de base.
Il m’a fallu trois heures et douze formulaires différents juste pour changer mon numéro de passeport. »
Un autre lecteur, un père célibataire de 57 ans à la retraite vivant à Bangkok, a partagé une expérience plus troublante.
Après avoir utilisé un service de transfert d’argent international bien connu pour envoyer des fonds de Nouvelle-Zélande vers la Thaïlande, sa transaction a été gelée.
Malgré la présentation de relevés bancaires prouvant la légitimité de la source des fonds, son compte a été fermé.
Il ne peut plus accéder à ses 10 000 dollars néo-zélandais.
« Je ne sais pas quoi faire », a-t-il écrit.
« Je me sens complètement impuissant. »
Ces histoires ne sont pas isolées.
Les ressortissants thaïlandais ressentent également la pression.
Les chefs d’entreprise rapportent que même les sociétés nouvellement enregistrées, entièrement détenues par des Thaïlandais et dirigées par des Thaïlandais, ont désormais du mal à ouvrir des comptes bancaires.
Les banques exigent des photos des locaux, des preuves d’activité et des documents autrefois réservés aux demandes de prêt, et non à la simple ouverture d’un compte.
Les parents qui envoient des frais de scolarité à l’étranger sont confrontés à de nouveaux plafonds quotidiens de transfert.
Les montants qui étaient auparavant transférés en une seule transaction doivent désormais être répartis sur plusieurs jours, ce qui complique les délais et augmente le stress, sans qu’aucune infraction ne soit alléguée.
Le point commun n’est pas la criminalité, mais une correction excessive en matière de conformité.
Non-respect des clients : restreindre d’abord, questionner ensuite
Les banques, soumises à une pression réglementaire intense, semblent avoir adopté une posture défensive : restreindre d’abord, questionner ensuite.
De leur point de vue, le risque d’être accusées de faciliter l’argent gris l’emporte sur les inconvénients causés aux clients légitimes.
Du point de vue des clients, qu’ils soient retraités, propriétaires de petites entreprises, parents ou investisseurs, le système semble arbitraire, opaque et impitoyable.
Ce problème est plus important à Pattaya que dans la plupart des autres endroits.
L’économie de la ville dépend fortement des résidents étrangers qui y vivent depuis longtemps, dépensent localement et se conforment aux règles en matière de visas, de fiscalité et de services bancaires.
Lorsque la vie financière quotidienne devient imprévisible, que les comptes peuvent être gelés sans explication ou que les virements sont retardés sans avertissement, le sentiment de sécurité s’érode.
Lutter contre les escrocs oui, mais pas en tapant sur tous les clients !
Personne ne conteste la nécessité de lutter contre les escroqueries.
Mais une réglementation qui manque de proportionnalité risque de causer des dommages collatéraux.
L’argent gris ne circule pas seul ; il partage la même infrastructure financière que les pensions, les frais de scolarité, le capital des entreprises et l’épargne-retraite.
Le défi pour les autorités bancaires thaïlandaises n’est pas de savoir s’il faut agir, mais comment agir précisément.
Une communication plus claire, des mécanismes d’examen plus rapides et des procédures d’appel authentiques contribueraient grandement à rétablir la confiance sans laisser de répit aux escrocs.
Sinon, le message involontaire envoyé aux résidents respectueux de la loi est troublant : vous êtes les bienvenus ici, mais votre argent est toujours suspect.
Et c’est un coût qu’aucune liste de contrôle de conformité ne peut facilement mesurer.
Toutelathailande.fr avec Pattaya Mail – 15 décembre 2025
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