L’explosion de la criminalité organisée en Birmanie inquiète la Thaïlande
À Bangkok, la capitale thaïlandaise, l’inquiétude monte concernant l’explosion de la criminalité chez son voisin birman. De récentes affaires de trafic d’êtres humains, forcés à travailler dans des centres d’appel clandestins font régulièrement la Une des journaux.
Des citoyens d’une cinquantaine de nationalités, essentiellement chinois, thaïs, cambodgiens ou encore birmans – à condition qu’ils parlent chinois – sont d’abord attirés par de fausses promesses d’embauche, avec des salaires attrayants, avant de se voir forcés, parfois à la pointe du fusil à travailler dans des centres d’appel à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, côté birman.
Là, ils sont obligés de travailler une dizaine d’heures par jour sur un ordinateur et de réaliser, par téléphone et écrans interposés, pour remplir des objectifs financiers établis par les chefs de gangs, des arnaques en tout genre : arnaques sentimentales, faux investissements en cryptomonnaies, piratage de carte bleue…
Au début, les malfaiteurs visaient avant tout le marché chinois, mais récemment ces arnaques ont évolué et touchent désormais le monde entier. Les autorités estiment que ce sont des dizaines de milliards d’euros qui se sont volatilisés ces derniers mois dans ce genre d’opération.
Une opération démantelée à la frontière chinoise
Côté birman, dans la ville de Laukkai, récemment passée sous le contrôle d’une alliance d’armées ethniques, les nouvelles forces en place ont déclaré avoir mis fin aux opérations d’un centre où travaillaient jusqu’à 100 000 personnes, tenu par quatre familles d’origine chinoise et qui pouvait dérober jusqu’à 14 milliards de dollars annuels.
Les leaders des gangs n’ont pas cependant pas été arrêtés. Ils ont pu être évacués en hélicoptère vers Nay Pi Taw, la capitale birmane, par des militaires birmans, juste avant que les soldats rebelles n’entrent dans la ville, toujours selon les déclarations des chefs militaires de l’alliance ethnique.
Cinq cents citoyens thaïlandais travaillaient dans ce centre d’appel et ont été rapatriés. Près de 200 d’entre eux affirment avoir été victimes d’un réseau de trafic d’êtres humains qui les auraient emmenés de force en Birmanie.
Explosion de la criminalité
Le problème des centres d’appel et de l’explosion de la criminalité en Birmanie, qui s’enfonce de plus dans la guerre civile, inquiète les autorités, en Asie du Sud-est car il semble que le phénomène soit complètement hors du contrôle. Sous l’effet combiné d’un durcissement des législations en Chine et au Cambodge et surtout de l’effondrement de l’État de droit en Birmanie depuis le coup d’État de février 2021, les réseaux criminels fleurissent dans le pays. Le trafic de drogue et d’êtres humains explose.
Les autorités estiment que ce sont plusieurs centaines de milliers de personnes qui travaillent aujourd’hui dans ces centres d’appel clandestins. Si les Chinois restent majoritaires dans ces réseaux, les victimes libérées évoquent la présence de nombreux ressortissants africains contraints de travailler dans ces centrales.
Par Carol Isoux – Radio France Internationale – 17 janvier 2024
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