Affrontements en Birmanie : un groupe armé ethnique revendique le contrôle d’une ville du nord
Les combattants d’un groupe armé ethnique ont revendiqué mercredi 10 juillet le contrôle d’une ville de Birmanie située sur un axe majeur pour le commerce avec la Chine, après des jours d’affrontements avec la junte.
L’État Shan (nord) est secoué par des combats depuis fin juin, lorsqu’une alliance de groupes armés ethniques a repris l’offensive contre l’armée le long de l’autoroute reliant Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, à la province chinoise du Yunnan. Cette offensive rebelle est considérée comme le plus important revers infligé aux généraux depuis le coup d’Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi.
Ces affrontements ont rompu un cessez-le-feu entre l’armée birmane et l’alliance de l’Armée d’Arakan (AA), de l’Armée de l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) et de l’Armée de libération nationale des Ta’ang (TNLA), négocié par Pékin en janvier. La ville de Naungcho (nord) « est totalement à nous », a affirmé le général de la TNLA Tar Bhone Kyaw. Une source militaire avait indiqué plus tôt mercredi 10 juillet à l’AFP que des combattants ethniques contrôlaient « la majeure partie » de Naungcho. L’AFP n’a pas pu joindre la junte pour une réaction.
Naungcho se situe à une cinquantaine de kilomètres de Pyii Oo Lwin, où se trouve une académie militaire qui forme l’élite de l’armée. Il est également reliée à Taunggyi, la capitale de l’Etat Shan, via une autre route. Les combats se poursuivaient mercredi autour de la ville de Lashio, siège du commandement Nord-Est de la junte, a déclaré à l’AFP le général Tar Bhone Kyaw.
Les combattants de la TNLA y ont brièvement capturé la base d’un bataillon militaire, mais les frappes aériennes de la junte les ont ensuite forcés à battre en retraite, a-t-il déclaré.
Fuite d’habitants
Il a ajouté que ses troupes se trouvaient dans certaines parties de Lashio, mais qu’il n’était « pas facile » de s’emparer de la ville dans un « court laps de temps ». Dix-huit habitants ont été tués et 24 blessés dans des bombardements, des tirs de roquettes et des attaques de drones de l’alliance, selon la junte.
D’après des habitants, l’armée birmane a mené plusieurs frappes aériennes autour de la ville, qui compte quelque 150.000 habitants. Comme le montrent des images de l’AFP, des habitants se sont entassés mardi dans des voitures par centaines le long d’une route de terre détrempée pour fuir les combats.
Lundi, environ 45 personnes étaient partis en bateau en traversant une rivière en crue après de fortes pluies de mousson. De nombreux groupes ethniques sont présents dans les régions frontalières de la Birmanie depuis des décennies, et militent pour une autonomie accrue et le contrôle des ressources locales.
Des combattants des « PDF de Mandalay » (forces de défense du peuple) affrontaient la junte à Madaya, à environ une heure au nord de la deuxième ville du pays, Mandalay, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole des PDF. Les militaires ont subi un « grand nombre » de pertes dans cette zone, a-t-il déclaré, sans donner de détails, ajoutant que les combattants du PDF avaient également déploré des victimes
La Provence – 10 juillet 2024