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Piyabutr, leader historique du Future Forward Party, critique l’immobilisme du Pheu Thai

Est-on en train d’assister à un conflit politique croissant entre les partisans du Parti du Peuple (avec toutes les variantes du parti « orange ») et le Pheu Thai ? Depuis quelques semaines, les critiques à l’encontre du parti thaksinien se font plus fortes de la part du camp progressiste, et notamment depuis que Thaksin Shinawatra est remonté sur le devant de la scène. 

Le boss du PT, c’est lui et personne d’autre. Il suffit d’écouter son discours à Udon Thani, en pleine campagne des élections provinciales. Le camp orange l’a bien identifié et le fait savoir.

L’un des dirigeants du Mouvement progressiste, Piyabutr Saengkanokkul a largement critiqué le parti au pouvoir Pheu Thai pour son incapacité à faire avancer les réformes.

En affirmant qu’il avait fait trop de compromis avec les partis militaires, pour rester au pouvoir. Contredisant l’illusion réformatrice que voudrait faire passer Thaksin. Piyabutr a pris des exemples précis, énumérés sur son compte X, ex-Twitter :

  • le Pheu Thai n’a pas soutenu l’amnistie pour toutes les parties, ignorant une étude sur un projet de loi d’amnistie qui incluait une option pour les personnes acuusées de crime de lèse-majesté.
  • le Pheu Thai a rejeté la proposition de l’ancien leader des Chemises rouges, Nattawut Saikua, visant à modifier la loi en permettant aux citoyens d’intenter directement des poursuites judiciaires contre les fonctionnaires de l’État responsables de meurtres de citoyens. (il faut comprendre ici que personne n’a été rendu coupable des victimes parmi les Chemises rouges, abattues à l’arme lourde lors des manifestations de 2010 à Ratchaprasong).
  • le Pheu Thai n’est pas disposé à modifier la réglementation pour permettre la détention des prisonniers politiques en dehors des prisons.
  • le Pheu Thai ne parvient pas à réécrire la constitution rédigée par la junte lors du mandat exercé par le général Prayut Chan-o-cha

Fort de ces constats, Piyabutr Saengkanokkul se demande si le gouvernement dirigé par le PT depuis 2023 « visait à obtenir le pouvoir pour restructurer le système, ou s’il s’agissait simplement de permettre à eux-mêmes et à leurs alliés de partager le pouvoir et d’obtenir des positions politiques ». 

Une attaque en règle contre Thaksin et le clan Shinawatra, Paetongtarn en tête.

Accusés d’immobilisme, Thaksin et le PT appartiennent maintenant, selon le camp orange, à l’establishment militaro-royaliste que les Chemises rouges et Thaksin lui-même ont longtemps condamnés. Renonçant pendant de nombreux mois en tant qu’opposition à défier directement le Pheu Thai, les partisans du camp orange n’hésitent plus maintenant à lâcher les coups, en ciblant le parrain Thaksin. Et en montrant avec précision aux citoyens que certaines promesses électorales du PT sont passées aux oubliettes. Le Pheu Thai risque de dégainer, au moment du Nouvel an chinois, la deuxième étape du versement des 10 000 bahts à plus de quatre millions de citoyens éligibles. Un atout populiste qui a déjà protégé Paetongtarn lors de son intronisation comme Première ministre en septembre.

J’avais dernièrement interrogé, dans ces mêmes colonnes, si le Pheu Thai était devenu conservateur ou s’il demeurait réformiste par ses politiques. Thaksin a clairement annoncé qu’il ambitionnait 200 députés aux élections générales de 2027. Le Part i du Peuple a bien compris qu’il fallait dès maintenant lancer l’offensive anti-Thaksin. Pour faire comprendre au peuple que les progressistes, ce sont eux et qu’il ne faut pas attendre du Pheu Thai qu’ils aillent à l’encontre du système dominant et établi.

Par Philippe Bergues – Gvroche-thailande.com – 2 décembre 2024

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