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Thaïlande : deux figures de proue de la contestation pro-démocratie libérées sous caution

Mardi 1er juin, le pouvoir judiciaire a libéré sous caution deux célèbres militants en faveur de la réforme de la monarchie, accusés de crime de lèse-majesté. La nouvelle de leur libération a été accueillie avec soulagement par leurs proches.

Le célèbre avocat Anon Nampa, qui n’en était pas à son premier séjour en prison, et l’étudiant activiste Panupong Jadnok, surnommé Mike, ont été libérés mardi après-midi après plus de trois mois de détention préventive. Ils ont dû verser une caution de plus de 5 000 euros chacun, financée par leur base de soutien et s’engager à ne pas quitter le territoire thaïlandais et à ne pas participer à toute activité pouvant être considérée comme diffamatoire envers la toute puissante monarchie.

Si les militants sont soulagés, leur combat est loin d’être terminé. Une dizaine d’entre eux, moins connus, restent en prison, et une centaine, dont plusieurs mineurs, attendent désormais, comme Anon et Mike, leur procès pour lèse-majesté. Ils risquent pour la plupart plusieurs dizaines d’années derrière les barreaux.

Jusqu’à quinze ans de prison pour chaque parole offensante envers la famille royale

La justice thaïlandaise leur reproche d’avoir organisé ou participé aux grandes manifestations de l’automne dernier, où des paroles offensantes envers la monarchie auraient été prononcées. Très présente, la jeunesse y avait demandé le départ du gouvernement. Mais surtout, et c’était inédit à l’époque, elle avait demandé une réforme du système monarchique, soulignant que le roi devait se plier à la Constitution et que ses finances devaient être soumises à un contrôle démocratique.

C’en était trop pour la vieille garde thaïlandaise, qui a ressorti une arme qui n’était plus en usage depuis quelques années : l’article 112 du Code pénal qui prévoit jusqu’à 15 ans de prison pour chaque parole jugée offensante envers la famille royale.

Situation sanitaire catastrophique dans les prisons

Aujourd’hui, le sort des détenus pour lèse-majesté est compliqué par une situation sanitaire terrible dans les prisons thaïlandaises. Près de 10% de la population carcérale est infectée par le Covid-19. Avec plus de 26 000 détenus testés positifs au virus et une surpopulation carcérale chronique qui rend impossible de séparer prisonniers sains et infectés, les autorités carcérales ne savent plus comment faire face.

C’est d’ailleurs sans doute l’un des éléments qui a précipité la libération des deux célèbres militants politiques. Ils ont été libérés après avoir contracté le virus et en avoir guéri.

Certaines prisons affichent des taux de contaminations à plus de 90 %. Le ministère de la Justice prévoit d’accorder une libération anticipée à près de 50 000 prisonniers pour soulager le système carcéral.

Par Carol Isoux – Radio France Internationale – 3 juin 2021

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