La Thaïlande promet de protéger les femmes qui dénoncent l’abus sexuel
La Thaïlande a accru ses efforts dans la lutte contre le harcèlement sexuel, mardi, en s’engageant à protéger les victimes qui se manifestent et à enquêter sur les plaintes pour abus et maltraitance.
La deuxième économie de l’Asie du Sud-Est souhaite voir davantage de femmes signaler les agressions sexuelles endurées sur le lieu de travail, et le gouvernement a fait connaitre ses plans pour faire en sorte d’éviter à celles qui le font de faire l’objet de licenciements abusifs.
« Le Premier ministre a souligné que des mesures disciplinaires seront prises (contre les abuseurs), et les personnes qui portent plainte sont protégées », a déclaré le ministre du Développement social et de la Sécurité Publique, Juti Krairerk.
Le gouvernement a toutefois fourni peu de détails sur la façon dont il mettrait en œuvre les mesures. Mais il a promis de créer un service d’accueil sans rendez-vous à Bangkok où le public pourra venir signaler des violences sexuelles.
Selon une enquête menée l’année dernière par la société d’études de marché YouGov, une personne sur cinq en Thaïlande est victime de harcèlement sexuel.
Selon les Nations Unies, près de 90% des cas de viol ne sont pas signalés dans le royaume. Certains médias locaux publient fréquemment des articles rapportant de façon outrageusement détaillée des agressions contre les femmes, tandis que les séries télévisées thaïlandaises (« lakorn ») ont souvent tendance à banaliser la violence contre les femmes.
Les mouvements planétaires comme #MeToo qui encouragent dans de nombreux pays les femmes à s’exprimer semblent avoir eu peu d’effet en Thaïlande, malgré les efforts locaux pour forcer le progrès.
Néanmoins, les groupes de défense des droits de l’homme estiment que la décision prise mardi pourrait encourager davantage de femmes à sortir du silence.
« Il y a eu peu de plaintes par le passé parce que les victimes ont peur de leurs harceleurs qui sont généralement leurs patrons », souligne Usa Lerdsrisuntad, directrice du programme de la Fondation thaïlandaise pour les femmes.
« Nous devons nous assurer qu’elles sont protégées et ne seront pas licenciées ou bloquées dans leur ascension professionnelle ».
Le droit thaïlandais du travail comprend les infractions liées aux agressions sexuelles, mais le pays n’a pas ratifié un traité de l’Organisation internationale du travail qui procure une protection aux travailleurs informels.
« Si vous êtes une employée de maison, par exemple, et que vous êtes violée dans la maison de votre employeur, il sera très difficile de quitter la maison pour signaler le cas à la police », souligne Angkhana Neelapaijit, une ancienne commissaire aux droits de l’homme sur l’égalité des sexes et les droits des femmes.
Elle se demande si beaucoup de cas qui feront l’objet d’une enquête parviendront aux tribunaux et elle estime que le gouvernement devrait mettre en place des mesures pour éviter le harcèlement sexuel dans le secteur privé.
Lepetitjournal.com avec Reuters – 22 avril 2020
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