Le roman policier vietnamien en essor
La littérature policière vietnamienne retient actuellement l’attention des lecteurs grâce à de nouvelles œuvres originales. C’est un bon signe pour le genre littéraire du pays dans un contexte où le marché du polar reste encore largement dominé par les romans étrangers.
Avant les années 2000, le roman policier vietnamien n’était pas populaire en termes d’auteurs ou de lecteurs par rapport à d’autres genres, tels que le roman d’amour ou de « life coaching« , entre autres. De nos jours, parallèlement au développement de la société, le roman policier semble s’épanouir.
Nouveau souffle de jeunes écrivains
On peut citer en premier lieu l’apparition de nouveaux auteurs qui sont à l’origine de romans policiers de qualité. Ils possèdent des stratégies déterminées, poursuivent énergiquement leur chemin et sont extrêmement assidus envers leur travail. Selon l’écrivain Nguyên Xuân Thuy, sous-chef de la commission des jeunes écrivains de l’Association des écrivains du Vietnam, l’apparition des romanciers en herbe rapproche le Vietnam au monde et vice versa. « Notre génération, composée d’écrivains tels que Di Li, Nguyên Dinh Tu qui sont nés dans les années 1970, diffèrent grandement avec ceux nés dans les années 1990« , commente-t-elle.
Avant d’ajouter que ces derniers possèdent de bonnes connaissances sur les genres, choisissent leur carrière de leur plein gré, ont des buts bien précis et savent mieux cibler leurs lecteurs. « C’est ce que notre génération n’a pas réussi à faire« , avoue-t-elle.
Le roman Ẩn ức trắng (Souvenirs cachés blancs), écrit par Kim Tam Long, publié récemment par la Maison d’édition Bach Viêt, en coopération avec celle de Dân Tri, a été une surprise pour les lecteurs. Les affaires mystérieuses se poursuivent les unes après les autres et rythmées de rebondissements en tous genres (twist en anglais). Outre Kim Tam Long, qui avait également présenté Mặt nạ trắng (Masque blanc), on peut également citer d’autres jeunes écrivains de ce genre littéraire, comme Duc Anh, auteur de Tường lửa (Mur de feu) et de Thiên thần mù sương (Ange de rosée) ou encore Nguyên Duong Quynh, Pham Anh Tuân et Phi Hành Gia, notamment.
Actuellement, nombreuses sont les maisons d’éditions qui s’intéressent au roman policier, mais c’est Bach Viêt qui y accorde un intérêt tout particulier. « À travers les manuscrits déposés, nous nous apercevons de la potentialité des œuvres, mais avant tout, le comportement sérieux des auteurs ainsi que leur professionalisme envers leurs produits« , fait savoir Lê Thi Minh Nguyêt, responsable de la communication de la maison d’édition. Elle ajoute que le roman policier national reste un domaine accueillant pour les jeunes écrivains : « et nous pensons qu’il est grand temps de créer un espace leur étant réservé afin qu’ils puissent pleinment s’affirmer« .
Il y a dix ans, la romancière Di Li a lancé son œuvre policière Trại hoa đỏ (La ferme de fleurs rouges) qui a fait du bruit dans le milieu des adeptes de ce genre littéraire. Peu de temps après, elle donne naissance à Câu lạc bộ số 7 (Club numéro 7). À propos du roman policier, Di Li, de son vrai nom Diêu Linh, fait part que depuis ces dix dernières années, le roman policier national connaît un succès plutôt sporadique. Il y a quinze ans par exemple, un concours d’écriture de polar avait été lancé puis annulé, par manque de candidats.
Encore bien des défis et difficultés
La réalité est que bien que le roman policier soit prisé par les lecteurs, il n’est pas considéré par le milieu des écrivains comme un genre « sérieux ». En ce qui concerne les prix littéraires, il est rare que ces œuvres soient honorées. Sans parler du fait que la plupart des lecteurs préfèrent les romans étrangers. Ainsi, c’est toujours avec réserve que l’on fait la connaissance d’un nouveau « produit » de jeune écrivain. En effet, dans un premier temps, chaque œuvre n’est publiée qu’entre 1.000 à 2.000 exemplaires.
Selon la responsable de communication de Bach Viêt, la concurrence des romans policiers vietnamiens avec ceux étrangers ne peut pas se faire du jour au lendemain, et les livres policiers traduits en vietnamiens sont en général des best sellers de renommée mondiale.
D’après l’auteure de Trại hoa đỏ, réimprimé à quatre reprises, il existe d’autres difficultés auxquelles font face les écrivains du roman policier. Il s’agit notamment des ressources de documents de référence, ou encore de la créativité et de l’imagination, qui souvent ne sont pas les points forts des auteurs Asiatiques. L’écrivaine reste cependant optimiste et que ces obstacles permettront de prouver de grandes qualités, à savoir le courage, la personnalité mais surtout la passion de cette nouvelle génération d’auteurs de romans policiers.
Par Mai Quynh – Le courrier du Vietnam – 10 mai 2020
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