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Au Vietnam, des “représailles” judiciaires contre Pham Doan Trang

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Condamnée à neuf années de prison, peine confirmée en appel, l’autrice et éditrice Pham Doan Trang a été transférée, le 1er octobre dernier, dans une prison de la province de Bình Dương, ce qui l’éloigne considérablement de ses proches, à Hanoï. Ce déplacement par les autorités est dénoncé comme de nouvelles « représailles » à l’égard de la militante pro-démocratie.

Arrêtée le 6 octobre 2020 à Hô Chi Minh-Ville, Pham Doan Trang était visée par les autorités vietnamiennes pour sa participation à différentes recherches d’ONG internationales : un rapport portant sur une catastrophe environnementale, un autre sur la liberté religieuse au Vietnam, et un article sur les droits de l’homme dans le pays.

Accusée de « fabrication, stockage, diffusion d’informations, de propagande ou de produits qui portent atteinte à la République socialiste du Vietnam », l’autrice et éditrice avait été condamnée à une peine de 9 années de prison, confirmée lors d’une audience en appel.

Pham Doan Trang est aussi la porte-parole de la maison d’édition Liberal Publishing House, peu appréciée du pouvoir, et ses œuvres ont été publiquement qualifiées de « propagande contre la République » par Tô Lâm, ministre chargé de la sécurité publique, en 2020, peu avant son arrestation.

« Dans une démocratie, si un citoyen écrit ou répond aux questions de journalistes étrangers sur des sujets que le gouvernement préfère ignorer, quelle est la réponse civilisée ? La réponse la plus civilisée serait que le gouvernement n’intervienne pas, car la civilisation repose sur le respect et les intérêts des autres », avait déclaré Pham Doan Trang lors de son procès, en décembre 2021.

« Plus la peine de prison sera grande, plus elle démontrera la nature autoritaire, illibérale et antidémocratique de la République socialiste du Vietnam », avait-elle ajouté.

« Cette pratique abusive doit cesser »

Moins de deux mois après la confirmation de sa condamnation, Pham Doan Trang a été transféré par les autorités judiciaires d’un établissement de Hanoï à un autre, situé dans la province de Bình Dương, au sud du pays. Plus de 1000 kilomètres séparent les deux lieux, ce qui complique bien sûr les contacts avec les proches, rapporte The Vietnamese.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont dénoncé ce transfert. « Le Vietnam a la très mauvaise habitude de transférer les journalistes emprisonnés très loin de leurs familles, avocats et collègues, afin d’empêcher des visites fréquentes et de limiter les échanges sur leur traitement en prison ou leur état de santé. Cette pratique abusive doit cesser », souligne Shawn Crispin, représentant du Comité pour la protection des journalistes en Asie du Sud.

L’organisation PEN America, pour sa part, dénonce une « mesure de représailles judiciaires ». « Le parti au pouvoir démontre clairement qu’il utilise le système judiciaire comme une arme, pour mettre hors-la-loi, punir et réduire au silence les voix dissidentes », affirme Karin Deutsch Karlekar, chargée du programme Liberté d’expression pour PEN America.

Le Premier ministre de la République socialiste du Vietnam, Pham Minh Chinh, avait été sollicité par Pham Doan Trang, peu avant la condamnation de cette dernière, sans succès. Rappelons que le Vietnam ne compte qu’un seul parti politique, le Parti communiste vietnamien, ce qui limite bien évidemment les moyens de l’opposition politique.

Pham Doan Trang recevra le Prix international de la liberté de la presse le 17 novembre prochain, décerné par le Comité pour la protection des journalistes.

Par Antoine Oury – ActuaLitte.com – 13 octobre 2022

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