Il y a quatre ans, l’activiste Kem Ley était assassiné à Phnom Penh
A l’occasion du quatrième anniversaire de l’assassinat du commentateur politique et défenseur des droits de l’homme Kem Ley, tué à Phnom Penh le 10 juillet 2016, 30 organisations de défense des droits de l’homme demandent aux autorités cambodgiennes de créer une commission d’enquête indépendante chargée de mener une enquête efficace et impartiale.
Le 10 juillet 2016, Kem Ley a été tué par balle alors qu’il prenait son café du matin dans une station-service du centre de Phnom Penh. Sans mener une enquête rapide, approfondie et indépendante, les autorités ont arrêté Oeuth Ang, qui s’est identifié comme « Chuob Samlab » (qui signifie « rencontrer pour tuer » en khmer) et a « avoué » le meurtre. À l’issue d’un procès d’une demi-journée, le 23 mars 2017 – largement critiqué pour ne pas avoir respecté les normes internationales en matière de procès équitable – le tribunal a déclaré Oeuth Ang coupable de meurtre et l’a condamné à la prison à vie. Le 24 mai 2019, la Cour suprême a confirmé sa sentence.
Une commission d’enquête indépendante
Depuis 2016, de nombreuses organisations internationales et nationales de défense des droits de l’homme n’ont cessé de demander au gouvernement cambodgien de mettre en place une commission d’enquête indépendante chargée de mener une enquête rapide, impartiale et efficace sur ce meurtre, en mettant l’accent sur l’examen de la responsabilité pénale potentielle de personnes autres que l’auteur du crime.
À ce jour, le gouvernement cambodgien n’a pris aucune mesure en vue de la création d’un tel organe d’enquête indépendant et impartial.
L’indifférence persistante du gouvernement cambodgien à l’égard du cas de Kem Ley laisse soupçonner que celui-ci a été assassiné en représailles à son travail de défenseur des droits de l’homme. Kem Ley s’était souvent exprimé sur des questions politiques et sociales. Il a été tué quelques jours seulement après avoir parlé, dans une interview, d’un rapport d’enquête intitulé « OPA hostile », publié par l’organisation non gouvernementale internationale Global Witness, qui décrivait la corruption généralisée au Cambodge liée au Premier ministre Hun Sen et à sa famille.
Peu après sa mort, la femme de Kem Ley, alors enceinte, et ses quatre fils ont fui le Cambodge, craignant pour leur vie. L’Australie leur a accordé l’asile après un barrage de menaces contre leur vie. Ils s’étaient cachés, sans statut légal, pendant plus d’un an en Thaïlande.
« Essuyez vos larmes et continuez votre voyage »
Après le meurtre de Kem Ley, les autorités cambodgiennes ont continuellement surveillé, harcelé et finalement perturbé et interdit les commémorations prévues pour l’anniversaire de sa mort. De plus, les autorités ont forcé les personnes portant des t-shirts avec les citations ou l’image de Kem Ley à les enlever ou à les couvrir.
« Bien que vous ne fassiez rien, vous serez quand même victime. Ce n’est qu’une question de temps »
En juillet 2019, un jour avant le troisième anniversaire de la mort de Kem Ley, les autorités ont arrêté le jeune militant Kong Raiya ainsi que trois membres de sa famille pour avoir vendu des t-shirts avec des images de Kem Ley et deux de ses célèbres citations : « Essuyez vos larmes et continuez votre voyage » et « Bien que vous ne fassiez rien, vous serez quand même victime. Ce n’est qu’une question de temps ».
Kong Raiya est resté en détention préventive sur des accusations d’incitation apparemment motivées par des raisons politiques pendant près de cinq mois jusqu’à ce que les autorités le libèrent sous caution le 28 novembre 2019. Le 19 juin 2020, le tribunal municipal de Phnom Penh a reconnu Kong Raiya coupable par contumace d' »incitation à commettre un crime » en vertu des articles 88, 494 et 495 du code pénal cambodgien, et l’a condamné à deux ans de prison, le reste de sa peine étant suspendu en raison du temps passé en détention provisoire.
Gavroche-thailande.com – 14 juillet 2020
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