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Sur fond de récession, la Thaïlande est gagnée par les troubles sociaux

Des manifestations, de jeunes notamment, ont éclaté en Thaïlande pour protester contre la dégradation des conditions de vie et l’autoritarisme des dirigeants. Prayut Chan-O-Cha, le Premier ministre, est fragilisé par la démission de plusieurs de ses proches, en charge de l’économie. Le PIB devrait se contracter de 10 % cette année.

Il s’agit sans aucun doute du mouvement populaire le plus important depuis le coup d’Etat du général Prayut Chan-O-Cha en 2014 . Plusieurs milliers de manifestants thaïlandais vêtus de noir dont une majorité de jeunes, ont afflué samedi vers le monument de la Démocratie à Bangkok pour dénoncer la politique du gouvernement tout en appelant à l’abolition de la sévère loi sur la lèse-majesté en place dans le royaume.

Uniforme noir

Des pancartes dénonçaient la loi 112 du code criminel sur la diffamation qui protège la monarchie en Thaïlande et le richissime monarque Maha Vajiralongkorn, régnant sous le nom de Rama X , contre toute forme de critique. Comme à Hong Kong, les manifestants portaient un uniforme noir et tentaient de forcer les cordons de policiers qui bloquaient l’accès au monument de la Démocratie.

Prayut fragilisé

Le royaume, où la monarchie absolue a été remplacée par une monarchie constitutionnelle après la révolution de 1932, présente une tendance au retour à l’absolutisme sous le règne de Rama X et des généraux ultraroyalistes qui l’entourent. Quant au général Prayut Chan-O-Cha, il est resté au pouvoir après des élections controversées en 2019 et se trouve actuellement doublement fragilisé.

Démissions en série

D’une part, l’économie du royaume devrait se contracter de 10 % (8,1 % selon la banque centrale) cette année en raison de l’épidémie de Covid-19, et du coup d’arrêt infligé au tourisme et aux exportations. D’autre part, il vient de perdre successivement son ministre des Finances Uttama Savanayana dont le successeur ne sera annoncé que le mois prochain et celui du gouverneur de la Banque centrale Veerathai Santiprabhob qui renonce à un nouveau mandat en septembre. Ces deux personnages clés de l’action économique du gouvernement avaient mis en place un paquet fiscal de 60 milliards de dollars pour relancer l’économie.

Investisseurs à rassurer

Quoi qu’elles fassent, les autorités doivent rassurer les investisseurs qui ne voient pas d’un bon oeil ces sièges vacants . A cela s’ajoute également la démission, la semaine dernière, du vice-premier ministre en charge de l’économie. Pour Prayut, il s’agira de son premier remaniement depuis sa victoire l’an dernier. Sur le plan sanitaire, le royaume n’est que faiblement touché puisqu’il compte, selon le comptage de l’université Johns Hopkins, 58 morts pour 3.250 cas confirmés, cela avec une population semblable à celle de la France.

Explosion du chômage

Pour le Premier ministre, la difficulté ne réside pas tant dans un reconfinement à l’image de l’Inde ou de l’Australie, que dans une relance progressive de l’activité économique, à un moment où le chômage menace d’exploser. Lors d’un séminaire, lundi, le gouverneur de la Banque centrale a estimé qu’il faudra deux ans à l’économie pour effacer les conséquences de la crise. « Je suis particulièrement inquiet pour l’emploi, le secteur du tourisme qui est l’un des principaux pourvoyeurs étant pour l’instant l’un des plus touchés par l’épidémie », a-t-il déclaré.

Par Michel De Grandi – Les Echos – 20 juillet 2020

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