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L’Église du Vietnam démolit une cathédrale du XIXe siècle de style baroque

La décision de faire disparaître le lieu de culte a été prise par le diocèse qui estime que ce bâtiment, érigé il y a 135 ans, ne peut plus être restauré.

Dans le nord du Vietnam, les travaux de démolition de la cathédrale Notre-Dame-Reine-du-Rosaire érigée en 1885 sous l’égide de Mgr Wenceslao Onate, ont commencé il y a une semaine, le 17 juillet. La décision de faire disparaître la seule église de style baroque du pays, édifiée à la fin du XIXe siècle, a été prise par le diocèse de Bui Chi qui estime que le bâtiment ne peut plus être restauré.

La province de Nam Dinh, au sud d’Hanoï, compte près de 412.000 catholiques pour une population de 2,15 millions d’habitants. Les autorités ecclésiastiques locales, malgré une pétition signée par 25 architectes en 2019 visant à défendre ce lieu sacré unique, ont donc fait le choix de reconstruire en lieu et place de l’ancienne cathédrale une nouvelle structure en bois dans la tradition vietnamienne.

Une démolition décidée sans annonce officielle

Cette démolition décidée par le vicaire général du diocèse Joseph Nguyen Duc Giang, contre l’avis d’une partie de la population locale attachée à ce lieu de culte, a été mise en œuvre sans déclaration officielle des autorités locales et du diocèse.

En mai 2019, après la pétition de sauvegarde des 25 architectes adressée simultanément au premier ministre Nguyen Xuan Phuc et au ministre de la Culture des Sports et du Tourisme Nguyen Ngoc Thien, le gouvernement avait dû reculer. Mais en février de cette année le diocèse, discrètement, a repris son projet en retirant, dans un premier temps, tout le mobilier de la cathédrale avant que la crise sanitaire n’oblige à ajourner les travaux.

L’état de la cathédrale, fragilisée par les terribles inondations de 1974 et de 2000, divise au sein même de la communauté catholique vietnamienne. Ainsi, sœur Theophane Doan Thi Chuyen du couvent des Filles-de-Notre-Dame-du-Rosaire, a expliqué que la fréquentation même de l’église pouvait désormais représenter un danger pour les paroissiens: «C’est une bonne chose de construire une nouvelle cathédrale pour remplacer l’ancienne, afin d’assurer la sécurité de tous ceux qui participent aux célébrations.»

Le dilemme semble donc avoir été tranché en faveur de la sécurité des fidèles au détriment de la préservation d’un site historique et sacrée. Au grand dam d’un influent défenseur du patrimoine en Asie, l’économiste Martin Rama, qui a déclaré après la décision définitive de la démolition de Notre-Dame-Reine-du-Rosaire : «Je peux comprendre ce qui doit arriver à l’ancienne cathédrale, mais je me sens tout de même découragé.»

Le Figaro – 24 Juillet 2020

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