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Des manifestants en Thaïlande critiquent ouvertement la monarchie

Des manifestants thaïlandais ont appelé lundi à réformer la monarchie du roi Maha Vajiralongkorn, appelant à ce que ses pouvoirs soient limités. Des commentaires publics d’une franchise très inhabituelle sur un sujet extrêmement piquant.

Diffamer la monarchie est passible de peines de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans en vertu de la loi thaïlandaises sur le crime de lèse-majesté. 

La police n’a pas arrêté les six orateurs, mais a déclaré que toute infraction présumée ferait l’objet d’une enquête.

Environ 200 personnes étaient présentes à la manifestation au Monument de la démocratie à Bangkok. Nombre d’entre eux étaient vêtus du costume du sorcier Harry Potter et d’autres personnages, en référence selon eux à la lutte contre les injustices sous le gouvernement soutenu par l’armée.

L’avocat Anon Nampa, 34 ans, a accusé le palais de s’octroyer de nouveaux pouvoirs qui court-circuitent la démocratie et d’inaction face aux attaques contre les opposants au gouvernement du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, ancien chef de la junte responsable du coup d’Etat de 2014.

Après l’accession du roi au trône en 2016, le palais avait exigé des révisions à la toute nouvelle Constitution qui lui ont donné des pouvoirs étendus. Depuis, le monarque a pris le contrôle personnel de certaines unités de l’armée et de certains actifs du palais dont la valeur est estimée à plusieurs dizaines de milliards d’euros.

En parallèle, des militants thaïlandais disent être l’objet de harcèlement de la part des autorités, et affirment qu’au moins neuf militants de l’opposition vivant à l’étranger ont disparu. Deux d’entre eux ont d’ores et déjà été retrouvés morts, éviscérés et le corps rempli de béton, fin 2018. Aucune explication n’a pour l’heure été fournie de manière indépendante sur les circonstances exactes de leur décès.

« Permettre à la monarchie d’exister »

« En parler n’est pas un acte destiné à renverser la monarchie, mais destiné à permettre à la monarchie d’exister dans la société thaïlandaise de la bonne manière et de façon légitime en tant que monarchie démocratique et constitutionnelle », a lancé Anon Nampa aux 200 manifestants.

Deux groupes d’étudiants ont ensuite lu des revendications commençant par: « Annulation et réforme des lois qui étendent le pouvoir du monarque et qui pourraient empiéter sur la démocratie au sein de laquelle le roi est le chef de l’Etat ».

Le palais royal n’a pas répondu aux appels téléphoniques de Reuters lundi pour solliciter des réactions à ces commentaires.

La porte-parole adjointe du gouvernement, Ratchada Thanadirek, a déclaré que c’était à la police d’agir contre les manifestants.

« Le gouvernement veut que les jeunes manifestants respectent les lois afin qu’ils puissent continuer à exercer leurs droits pour faire entendre leurs revendications et ainsi le pays peut continuer à vivre en paix », a-t-elle déclaré.

Les étudiants des universités Mahanakorn et Kaset ont également appelé les autorités à écouter les manifestants et à réformer les lois de « lèse-majesté » qui interdisent toute critique de la monarchie.

« Une première dans l’histoire de la Thaïlande »

Des manifestations étudiantes pour exiger la démission du gouvernement de Prayuth Chan-O-Cha et demander une nouvelle Constitution ont lieu quasiment tous les jours depuis plus de trois semaines. Si jusque-là certains slogans traduisaient des critiques déguisées de la monarchie, c’est la première fois lundi que des revendications concernant la haute institution sont articulées de façon aussi explicite et ouverte.

Un officier de police, Surapong Thammapitak, a déclaré: « Nous ne pouvons pas encore déterminer quelles infractions ont été commises (…) toutes les infractions en vertu des lois seront traitées pour les enquêteurs. »

Prayuth Chan-O-Cha avait déclaré dans un discours en juin qu’il n’y avait plus eu, à la demande du roi, de poursuites judiciaires en vertu des lois de lèse-majesté ces derniers temps. Mais le chef du gouvernement a toutefois mis en garde vis-à-vis de certains risques pouvant peser sur ceux qui manquent de respect à la monarchie.

Les critiques ouvertes se faisaient très rares sous le père du roi, le roi Bhumibol Adulyadej, dont le règne de 70 ans s’est achevé à sa mort en 2016.

« De telles critiques émises en public vis-à-vis du monarque thaïlandais par des gens ordinaires dans un lieu public en Thaïlande – avec la police présente qui se contente de rester en position – est une première du genre dans l’histoire de la Thaïlande », a déclaré Paul Chambers, qui enseigne à l’Université Naresuan.

Lepetitjournal.com avec Reuters – 4 août 2020

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