Birmanie : trois millions d’habitants confinés dans l’État Rakhine
Les autorités birmanes ont étendu le confinement mercredi 26 août à l’ensemble de l’État Rakhine, où désormais trois millions de personnes sont concernées, afin d’endiguer la propagation du coronavirus dans cette région pauvre, en proie aux tensions ethniques et religieuses.
Plus de 100 nouveaux cas de contamination ont été recensés dans le pays ces dernières 24 heures, en grande majorité dans cette zone, alors que la Birmanie enregistre jusqu’à présent 580 cas.
Après Sittwe, la capitale de l’État Rakhine, il y a quelques jours, le gouvernement a ordonné le confinement de l’État entier. «Les habitants doivent rester chez eux», seuls de rares véhicules autorisés peuvent circuler, d’après les autorités, citées dans un média local.
Ces dernières tentent d’empêcher une propagation de l’épidémie notamment dans les camps surpeuplés où s’entassent quelque 130.000 Rohingyas, une minorité musulmane persécutée. Elles se sont rendues la semaine dernière dans le camp de Thae Chaung pour souligner la nécessité de respecter la distanciation – totalement impossible puisque 10 familles en moyenne s’entassent dans une seule maison – et distribuer du désinfectant pour les mains et des masques de protection.
150.000 personnes particulièrement à risque
Quelque 150.000 personnes sont également particulièrement à risque, déplacées depuis janvier 2019 en raison du durcissement du conflit entre les militaires et l’Armée d’Arakan (AA), des rebelles luttant pour plus d’autonomie pour l’ethnie bouddhiste rakhine. La situation est d’autant plus préoccupante que les infrastructures sanitaires sont particulièrement précaires dans cette région.
L’État Rakhine est depuis longtemps secoué par des conflits ethniques et religieux. Les Rohingyas y sont étroitement contrôlés, ne bénéficiant que d’accès limités aux services de santé, à l’éducation et au logement. Quelque 750.000 membres de cette minorité se sont réfugiés en 2017 au Bangladesh, fuyant la répression militaire, qualifiée de «génocide» par l’ONU.
Les Nations unies ont annoncé mercredi que plusieurs membres de leur personnel travaillant dans les camps et autour de l’État Rakhine avaient été testés positifs au Covid-19. Les membres du personnel «expriment leur solidarité avec le peuple de Rakhine et quiconque touché par le Covid-19, un adversaire commun qui ne fait pas de distinction d’ethnie ou de religion», a déclaré l’organisation.
Le Figaro avec Agence France Presse – 26 Août 2020
Articles similaires / Related posts:
- En Birmanie, les minorités piégées entre l’armée et le coronavirus Face à la menace de l’épidémie du Covid-19 en Birmanie, plus d’une cinquantaine d’ONG ont appelé à un cessez-le-feu dans toutes les zones de guérilla du pays afin de permettre une éventuelle intervention sanitaire que le gouvernement n’a pas encore décidée. Officiellement il n’y aurait que 15 cas de contamination en Birmanie…...
- Birmanie. Les camps de Rohingyas craignent la propagation du coronavirus La minorité musulmane des Rohingyas s’inquiète de voir le virus se propager et gagner les camps surpeuplés où ils sont confinés....
- Que se passe-t-il vraiment dans l’état Rakhine (Arakan) avec la Covid-19 ? Depuis le 23 mars 2020, date de l’apparition des premiers cas de COVID-19 en Birmanie, l’État Rakhine et la région de Rangoun ont dénombré 87,3 % des cas enregistrés dans tout le pays. Triste record, la région du sud-ouest dénombre depuis les derniers jours d’août parmi ses 3,2 millions d’habitants le plus grand nombre de malades. Explications de notre analyste François Guilbert....
- Les déplacés birmans, victimes cachées de la Covid-19 Les agences humanitaires présentes en Birmanie viennent à nouveau de déplorer les entraves mises par le gouvernement à leurs fournitures d’aide d’urgence aux populations Rohingyas déplacées dans la région de l’Arakan (Rakhine State)....
- En Birmanie, les combats font rage près de la frontière chinoise Des combattants de minorités ethniques opposés à la junte au pouvoir en Birmanie ont annoncé samedi avoir pris la ville de Namhsan, dans le nord du pays, au surlendemain de l’annonce par la Chine d’un cessez-le-feu obtenu grâce à sa médiation....