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Marchés financiers : Les investisseurs boudent la Thaïlande

Une vente massive du baht thaïlandais, des actions peu performantes et la pression sur le marché obligataire reflètent l’inquiétude croissante des investisseurs internationaux face à l’instabilité politique et aux perspectives de croissance de la Thaïlande, estiment les analystes et les gestionnaires de fonds.

La Thaïlande a subi le trimestre dernier sa plus forte contraction économique en deux décennies et le chemin de la reprise s’annonce long alors que les autorités ont décidé de sacrifier leur industrie touristique et une partie de l’activité vitale du pays au nom du risque zéro face au Covid-19.

Dans le même temps, le gouvernement est confronté à un mouvement de protestation étudiant qui prend de l’ampleur tandis que les politiques économiques ont été perturbées ces dernières semaines par la démission groupée en juillet de six ministres liés à l’économie, dont le ministre des Finances, puis celle, pas plus tard que mardi, de son successeur fraichement nommé, Predee Daochai.

« Je pense qu’aucun autre pays n’a ces deux ou trois problèmes en même temps, comme si la situation du COVID-19 n’était pas assez mauvaise », s’inquiète Howie Lee, économiste d’OCBC Bank.

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha a déclaré que le depart de Predee Daochai, officiellement pour raisons de santé, n’affecterait pas les plans économiques. Mais il n’a pas donné de date pour la nomination d’un nouveau ministre, disant seulement que cela interviendrait au « moment opportun ».

« S’il n’y a pas de ministre, il y a toujours des adjoints et des assistants », a déclaré l’ancien chef de l’armée aux journalistes. « Je conduis également moi-même les politiques en tant que chef de l’équipe économique. »

Le baht a baissé d’environ 0,6% par rapport au dollar depuis l’annonce de la démission du ministre mardi. 

L’indice boursier de référence de la Thaïlande <.SETI> est en baisse de 17% sur l’année, après avoir souffert des fuites de capitaux étrangers chaque mois jusqu’en août.

« Les seuls étrangers qui restent dans les actions thaïlandaises sont vraiment les investisseurs passifs, les ETF, et les fonds qui suivent l’indice. Les gestionnaires actifs sont partis », a déclaré Jeep Chatikavanij, fondateur du Ton Poh Fund qui gère 150 millions de dollars.

« Un nouveau ministre doit être trouvé le plus rapidement possible pour ne pas laisser de vide et pour restaurer la confiance », a déclaré un dirigeant d’un groupe d’entreprises étrangères, sous couvert de l’anonymat car il n’est pas autorisé à parler aux médias.

« Nous espérons que ce sera un technocrate ou un homme avec une expérience en affaires plutôt qu’un politicien », a-t-il ajouté.

La Thaïlande s’est beaucoup enorgueillie d’avoir été plébiscitée en août par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour sa gestion de l’épidémie de Covid-19, même si plusieurs zones d’ombres subsistent sur les facteurs qui sous-tendent ce bilan de 3.417 infections signalées et 58 décès. Mais la contrepartie de la politique thaïlandaise du risque zéro -pour le Covid-19- est que son économie figure aujourd’hui parmi les plus durement touchées de la planète, tout particulièrement son secteur du tourisme, laminé par la fermeture du pays aux touristes étrangers depuis avril.

Le gouvernement a annoncé l’ouverture aux touristes à partir d’octobre de certains sites touristiques en commençant par Phuket, mais sous des conditions telles qu’il est difficile d’y voir une solution véritablement viable à l’échelle du pays.

Si les restrictions sur le voyage perdurent, le bilan de la fréquentation touristique internationale dans le royaume sera de l’ordre du cinquième du chiffre de 2019, qui était de 39,8 millions de visiteurs.

Peu avant son départ inattendu, Predee Daochai avait affirmé la semaine dernière que malgré la conjoncture défavorable, les fondamentaux économiques de la Thaïlande restaient solides aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur, se félicitant que la Thaïlande soit l’une des économies les plus résilientes de la région.

« Nous pensons que le pire est derrière nous. L’économie devrait atteindre son creux au second semestre de cette année puis se redresser en 2021 avec une croissance attendue de 4% à 5% », avait-il assuré.

Lepetitjournal.com avec Reuters – 3 Septembre 2020

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