Myanmar : Milices et douaniers trafiquants de drogue
L’armée birmane ferme les yeux sur les agissements des milices et des douaniers trafiquants de drogue dans l’État de Shan
Une importante opération anti-drogue a été menée au début de l’année par une unité d’élite de l’armée birmane. L’opération a duré près de 40 jours et s’est étendue sur plus de 100 km² dans le Kaughka ; une région du sud-est de l’État de Shan. L’armée a désarmé des centaines de miliciens et saisi 18 tonnes de méthamphétamine. Des précurseurs chimiques ont aussi été récupérés et pour la première fois du fentanyl a été découvert. La situation dans cette région est compliquée depuis longtemps mais l’explosion de la production de drogue aurait commencé en 2016. Aujourd’hui, les douaniers trafiquants de drogue côtoient des groupes armés à la loyauté douteuse.
Des douaniers trafiquants de drogue
Cette région est connue pour avoir une forte présence de groupes ethniques armés ayant passé des accords de cessez-le-feu avec l’armée du pays. Le problème ne s’arrête cependant pas là puisque les groupes protégeant les gigantesques laboratoires de drogue sont des douaniers et des miliciens ; les Gardes-Frontières et les Milices Populaires. Ces deux groupes sont officiellement sous le contrôle des forces armées birmanes, aussi appelées Tatmadaw. Les miliciens sont d’anciens groupes insurgés formés de quelques centaines d’hommes armés dont la loyauté est achetée par l’armée. En échange ils conservent leurs armes et contrôlent leur propre « commerce » sans être inquiétés.
Les douaniers des Gardes Frontières sont généralement mieux entraînés et équipés mais fonctionnent de la même façon que les miliciens. Ces miliciens et douaniers trafiquants de drogue sont largement ignorés par l’armée. Ce système de paramilitaires répondant officiellement au Matmadaw existe depuis les années 1970. Depuis, ces groupes se sont alliés avec des cartels étrangers et ont professionnalisé leurs laboratoires et leurs systèmes de protection. Par ailleurs il est de notoriété publique que ces groupes s’assurent du soutien de l’armée en corrompant l’État-major de l’État de Shan.
Une région incontrôlable
La priorité absolue de l’armée semble être de maintenir un semblant de contrôle territorial. Dans ce contexte les opérations de lutte anti-drogue comme celle de février resteront toujours extrêmement sélectives. Pour certains le but n’était pas tant de lutter contre la drogue que de discipliner une milice particulière. Cette milice travaillait en effet avec des groupes alliés à un groupe ethnique armé mettant à mal le contrôle du pouvoir birman. Il faut d’ailleurs noter qu’aucun chef de milice n’a été poursuivit ; tous ont été relâchés en juin et les preuves brûlées.
Il semble que les miliciens et les douaniers trafiquants de drogue aient encore de beaux jours devant eux. L’armée birmane a conscience qu’une trop grand agressivité contre les groupes de trafiquants risquerait de mettre fin aux accords de cessez-le-feu. Ceci leur créerait de nombreux autres ennemis dans une région déjà incontrôlable. Par ailleurs des affrontement sont en cours dans d’autres régions qui empêchent l’État birman de porter toute son attention à ce problème. Si on ajoute la corruption endémique on comprend pourquoi cette région du monde est aujourd’hui la plus importante zone de production de drogue de la planète.
Illicit Trade – 28 novembre 2020
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