En Birmanie, nouvelles accusations de corruption contre Aung San Suu Kyi
La junte au pouvoir accuse l’ancienne dirigeante de corruption. Arrêtée lors du coup d’Etat du 1er février, Aung San Suu Kyi, 75 ans, a déjà été inculpée à quatre reprises.
La junte au pouvoir en Birmanie accuse Aung San Suu Kyi de nouveaux faits de corruption. Déjà inculpée à quatre reprises, les militaires affirment qu’elle a touché 550 000 dollars (460 000 euros) de pots-de-vin d’un homme d’affaires, a annoncé la télévision d’Etat. La chaîne MRTV a diffusé, mercredi 17 mars, une vidéo d’un promoteur immobilier qui confesse lui avoir versé cette somme en plusieurs fois entre 2018 et 2020. « D’après ce témoignage, les autorités ont détecté qu’Aung San Suu Kyi s’était rendue coupable de corruption et ils se préparent à l’inculper », a déclaré MRTV.
Ces nouvelles allégations sont « sans fondement et absurdes », a relevé, jeudi 18 mars, l’avocat de l’ex-chef de facto du gouvernement, toujours mise au secret par l’armée. Ma cliente a « peut-être des défauts, mais corrompre les gens n’est pas dans sa nature, (…) la plupart des Birmans ne croiront pas » à ces nouvelles accusations.
Arrêtée lors du coup d’Etat du 1er février, l’ancienne dirigeante âgée de 75 ans a déjà été inculpée pour importation illégale de talkies-walkies, non-respect des restrictions liées au coronavirus, violation d’une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics. La semaine dernière, l’armée avait annoncé ouvrir une enquête pour corruption, l’accusant, dans un premier temps, d’avoir perçu illégalement 600 000 dollars et plus de onze kilos d’or.
Sept morts mercredi
La junte birmane maintient, par ailleurs, son emprise sur plusieurs villes du pays en proie à une répression féroce. Le bilan des victimes s’alourdit de jour en jour. Au moins sept personnes ont été tuées, mercredi, par les forces de sécurité, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Les militaires sont plus que jamais décidés à éteindre la contestation prodémocratie qui souffle sur le pays, depuis le 1er février, avec des manifestations quotidiennes et de nombreux fonctionnaires (enseignants, médecins, cheminots…) en grève.
Si la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 est reconnue coupable des faits qui lui sont reprochés, elle encourt de longues années de prison et pourrait être exclue de la vie politique.
Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a remporté massivement les législatives de novembre. Les observateurs n’ont pas détecté de problèmes majeurs lors de ce scrutin, mais les généraux putschistes ont allégué d’« énormes » fraudes pour justifier leur passage en force le mois dernier. Ils semblent plus que jamais décidés à éteindre la contestation prodémocratie qui souffle depuis sur le pays. Plus de 210 manifestants ont été tués par les forces de sécurité et près de 2 200 personnes arrêtées.
Disparitions forcées, meurtres, tortures : Thomas Andrews, le principal expert indépendant mandaté par les Nations unies sur ce dossier, a dénoncé devant le Conseil des droits de l’homme à Genève de probables « crimes contre l’humanité ». Sollicitée, l’armée n’a pas répondu aux multiples requêtes de l’Agence France-Presse.
Le Monde avec Agence France Presse – 18 mars 2021
Articles similaires / Related posts:
- Procès d’Aung San Suu Kyi : une première audience en catimini L’ex-conseillère d’Etat, qui comparaissait mardi soir à huis clos et sans son avocat au tribunal de Naypyidaw, est visée par une nouvelle accusation qui pourrait lui valoir jusqu’à six ans de prison....
- Birmanie : Suu Kyi de nouveau inculpée, tirs sur des manifestants au lendemain d’une répression meurtrière L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, déjà poursuivie pour avoir enfreint d’obscures règles commerciales et sanitaires, a été inculpée pour deux nouvelles infractions lundi, tandis que les tensions restaient vives dans le pays au lendemain de la journée de répression la plus meurtrière depuis le coup d’Etat....
- Birmanie : Aung San Suu Kyi accusée d’avoir violé une loi sur les secrets d’Etat datant de l’époque coloniale Les autorités ont également ordonné aux fournisseurs d’accès de suspendre les connexions internet sans fil dans le pays « jusqu’à nouvel ordre ». ...
- Birmanie : Aung San Suu Kyi sous le coup de nouvelles poursuites pénales L’ex-dirigeante birmane est désormais poursuivie dans six dossiers. Accusée d’avoir perçu des pots-de-vin, elle pourrait être inculpée de « corruption », une procédure qui l’empêcherait d’exercer de nouveau le pouvoir....
- Birmanie : les avocats d’Aung San Suu Kyi toujours pas autorisés à rencontrer leur cliente L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, détenue au secret depuis près de trois mois et inculpée à de multiples reprises par la junte, n’a toujours pas été autorisée à rencontrer son équipe de défense, a déploré l’un de ses avocats. Aung San Suu Kyi, 75 ans, a comparu ce lundi 26 avril en visioconférence devant un tribunal de la capitale Naypyidaw....