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Une réouverture à épisodes pour la Thaïlande

Première destination internationale en Asie du Sud-Est, la Thaïlande accueillait avant la crise du Covid près de 40 millions de voyageurs internationaux. Elle tente aujourd’hui de relancer son économie en planifiant le retour progressif des touristes, indispensables à sa croissance. Un parcours du combattant alors que le pays est frappé par une nouvelle vague de contaminations…

La Thaïlande refléterait-elle parfaitement la façon dont les pays du sud-est asiatique abordent la gestion du tourisme au temps de la Covid ? On peut se poser la question tant la réouverture du royaume n’a cessé d’être repoussée au gré des changements d’orientation du gouvernement. Une valse-hésitation qui n’est pas unique au Royaume dans la région.

Bangkok perd son rôle de hub économique du Mékong

Le pays avait d’abord crânement déclaré pouvoir survivre économiquement sans la manne du tourisme international. En s’appuyant sur la consommation de son marché intérieur, l’équation était vouée pourtant à l’échec. La Thaïlande dépend en effet trop fortement du tourisme, secteur le plus prospère de son économie depuis deux décennies.

En 2019, dernière année « normale », le tourisme avait généré 68,9 milliards de dollars de recettes pour le pays, soit 21 % de toutes les exportations du pays. La contribution du secteur « tourisme et travail » atteignait 19,1 % du PIB en 2019, contribuant à fournir huit millions d’emplois. Et, probablement, permettant de faire vivre près de 25 millions de personnes sur une population de 67 millions.

L’an passé, la disparition du tourisme a pesé lourd. Le PIB s’est contracté de 6,1 %, baisse la plus forte depuis la crise financière asiatique de 1997. Une fermeture quasi totale des frontières qui a eu non seulement des répercussions pour l’économie du royaume, mais aussi pour celle de ses voisins. Birmanie, Cambodge, Laos sont en effet largement dépendants de la Thaïlande, Bangkok jouant le rôle de plaque-tournante commerciale pour une grande partie de la péninsule indochinoise.

Les problèmes de Thai Airways ajoutent à la tourmente 

La solution souvent la plus pratique pour les voyageurs d’affaires pour rallier capitales et villes régionales du Mékong est de transiter par l’aéroport de Bangkok. Or la suspension depuis près d’un an des vols de Thai Airways International – en redressement judiciaire – a déstabilisé un peu plus encore l’économie régionale.

Non seulement, Thai Airways offrait depuis Bangkok le plus grand réseau international, mais l’immobilisation de la compagnie explique en partie la réticence des autorités à laisser d’autres transporteurs à desservir la Thaïlande. Bangkok a en quelques mois perdu son rôle de hub en Asie du Sud-Est, les vols en transit étant même interdits jusqu’au début mars 2021. L’an passé, le trafic sur l’aéroport de Bangkok Suvarnabhumi a baissé de près de 74,5 %. Soit 16,7 millions de passagers, contre 65,5 millions en 2019.

L’an dernier, le pays a donc accueilli 6,5 millions de touristes dont la majorité venue avant la fermeture des frontières fin mars. L’hôtellerie thaïlandaise a dès lors connu une année noire. Selon le cabinet de consulting STR, le taux d’occupation des hôtels est tombé à 23,5 % en 2020, contre 72 % un an auparavant. Sans parler d’une industrie des congrès et conférences totalement anéantie, en particulier pour Bangkok.

Après être resté fermé aux voyageurs internationaux pendant plusieurs mois, le gouvernement a décidé de proposer à l’automne 2020 un nouveau visa de très longue durée pour des voyageurs. Sauf que le ticket d’entrée, d’un coût très élevé, a plutôt eu un effet repoussoir. Il imposait une quarantaine obligatoire de 14 jours dans des hôtels -entre 1 500 et 5 000 euros. Et de surcroît, une assurance santé couvrant des frais à hauteur d’un million de dollars. Le tout assorti d’une paperasserie inflationniste et de l’obligation de prendre des vols désignés par les ambassades.

Des conditions d’entrée plus raisonnables

Le gouvernement est finalement revenu sur une partie de ces mesures avec de nombreux allègements, sauf un: la quarantaine. Il reste certainement l’élément le plus rédhibitoire au retour des voyageurs.

Sous la pression des grands groupes hôteliers et commerciaux thaïlandais et face à la dégradation économique, la Thaïlande a commencé à assouplir le régime d’entrée dans le pays. Depuis le 1er avril, la quarantaine est réduite à dix jours pour les personnes non vaccinées et à 7 jours pour celles avec vaccin. Ce dernier doit avoir été inoculé 14 jours avant le départ, au minimum.

Les mesures d’entrée restent encore complexes. Les voyageurs vaccinés doivent télécharger un certificat de vaccination sur le site du ministère des affaires étrangères avant leur arrivée. Ils doivent aussi présenter un certificat d’entrée et visa délivrés par l’ambassade de Thaïlande, une assurance médicale et un test négatif au Covid. Seuls sont autorisés dans le royaume les voyageurs ayant reçus des doses des vaccins Sinovac et Sinopharm, AstraZeneca, SK Bioscience, Pfizer-BioNTech, Serum Institute of India, Johnson & Johnson et Moderna.

La seconde étape d’une normalisation des flux de voyageurs doit normalement se produire en juillet. L’île de Phuket sera alors accessible sans quarantaine aux touristes vaccinés. Suivraient au cours d’une troisième étape Koh Samui, Bangkok ainsi que le nord du pays, celle-ci probablement avant la fin de l’année, pour la haute saison.

Sauf que la Thaïlande joue de malchance. La récente flambée de covid pourrait mettre à mal cette reprise, et continuer à faire perdre au pays son rôle de plaque tournante et économique de toute la région du Mékong. L’évolution de l’épidémie dans les prochaines semaines sera ainsi déterminante.

Par Luc Citrinot – Voyages d’affaires – 16 avril 2021

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