Bombardements en Birmanie, des réfugiés tués dans une église catholique
Ce dimanche, de violents combats ont éclaté entre les militaires et l’une de ses factions, le Parti national progressiste karenni (KNPP), établie notamment dans l’État de Kayah.
L’armée a utilisé des hélicoptères et des chars contre les insurgés, tirant au mortier. Les combats ont fait des victimes civiles dans l’église d’un village.
Les militaires de l’armée birmane ont attaqué dimanche soir avec des tirs d’artillerie le village de Kayan Tharyar, situé à 7 km de Loikaw, capitale de l’État de Kayah (est), dans le but de frapper de présumés groupes rebelles, parmi lesquels le Parti national progressiste karenni (KNPP). L’un des obus de mortier s’est abattu sur l’église catholique du village, tuant au moins quatre personnes et blessant de nombreuses autres personnes déplacées qui y avaient trouvé refuge. Les habitants avaient cru que l’église serait un «lieu de refuge sûr pour ceux qui fuyaient les accidents et les fusillades dans la région, mais ils ont dû se rétracter tragiquement», écrivent les Jésuites de Birmanie, dans une note adressée à l’Agence Fides.
La répression sanglante continue
La cathédrale du Sacré-Cœur de Pekhon (à une quinzaine de kilomètres de Loikaw) a également été endommagée par les tirs d’artillerie. Les Jésuites condamnent ces «crimes odieux de la manière la plus ferme possible» et demandent que «les militaires birmans soient appelés à rendre des comptes» et cessent immédiatement les attaques contre les civils et contre les églises. Les bombes ont aussi détruit d’autres bâtiments, les réduisant à l’état de ruines.
L’État de Kayah, où 75 % des habitants appartiennent à des minorités ethniques, est celui qui compte le plus fort pourcentage de chrétiens en Birmanie. La présence catholique dans cette région a commencé à la fin des années 1800 avec l’arrivée des premiers missionnaires italiens de l’Institut pontifical des missions étrangères (PIME). Aujourd’hui, il y a plus de 90 000 catholiques sur les 355 000 habitants environ de cette province.
La violence prend de l’ampleur depuis quelques jours en Birmanie, où l’on observe toujours plus l’usage d’armes de guerre. Depuis le 1er février, 818 personnes ont été tuées, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Les manifestations populaires contre la junte militaire au pouvoir continuent de secouer les villes, dont 30 sont soumises à un couvre-feu de 20 heures à 4 heures du matin, tandis qu’à Yangon et Mandalay, épicentres de la rébellion, le couvre-feu commence deux heures plus tôt. Les zones rurales ne sont pas épargnées par la violence, les arrestations et les raids militaires. Des dizaines de milliers de Birmans ont aussi été déplacés en raison d’affrontements entre l’armée et des milices ethniques, très nombreuses dans le pays.
Aung San Suu Kyi comparaît devant la justice birmane
Pour la première fois depuis le coup d’État, l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, inculpée à de multiples reprises par la junte, a comparu ce lundi en personne devant la justice, se montrant défiante face aux généraux qui l’ont renversée.
Depuis le tribunal de Naypyidawm elle a affirmé que «son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) existera tant que le peuple existera, car il a été fondé pour le peuple», selon des propos rapportés par son avocate. Les généraux birmans menacent de dissoudre la formation, qui a remporté massivement les élections législatives de novembre dernier, alléguant de fraudes lors de ce scrutin. Une décision pourrait être annoncée prochainement, la commission électorale, proche du régime, ayant indiqué que son enquête était quasiment achevée.
Vatican News – 24 mai 2021
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