Les Etats Unis accusent la Chine d’espionner le Cambodge
L’affaire a été révélée par l’agence de presse Reuters qui a fait état le 22 juillet de l’acte d’accusation et a cité des sources anonymes qui ont affirmé que les pirates avaient volé des données du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. La Chine dément.
Des espions chinois auraient piraté une conférence internationale sur le Mékong
Selon l’acte d’accusation du procureur déposé auprès du tribunal du district sud de Californie, les quatre pirates avaient infiltré le réseau d’un ministère du gouvernement cambodgien en janvier 2018 et volé des données relatives à des discussions entre le gouvernement chinois et le Cambodge sur l’utilisation du fleuve Mékong.
Selon le Phnom Penh Post le document indique : « Le ou vers le 10 janvier 2018, le jour même où la République populaire de Chine était engagée dans des discussions avec de multiples pays, dont le Cambodge, concernant l’utilisation du fleuve Mékong, les membres de la conspiration ont volé des données d’un système exploité par le ministère du gouvernement cambodgien concernant ces discussions, et ont stocké ces données, où elles étaient protégées par le mot de passe « goodperson ».
Le 10 janvier 2018, le Cambodge avait accueilli la deuxième réunion de la coopération Mékong-Lancang (LMC) à Phnom Penh, sous le thème « Notre fleuve de paix et de développement durable ». La Commission du Mékong MRC a déclaré qu’elle était informée de la situation par des articles de presse, mais qu’elle ne disposait pas d’autres informations, le piratage ne visant pas le secrétariat de la MRC.
« Le type de données volées par les pirates n’est pas clair dans l’immédiat, et nous ne savons pas pourquoi ils ont fait cette tentative. Mais il doit y avoir quelque chose d’intéressant ou d’important qui les a motivés à le faire », a déclaré le Secrétariat. Il a poursuivi, toujours selon le Phnom Penh Post que la plupart des données du MRC sont accessibles au public et hébergées sur un portail de données.
Le portail représente un entrepôt de données où au moins 10 333 ensembles de données sont actuellement disponibles. Les ensembles de données comprennent des séries chronologiques actuelles et historiques sur l’hydrométéorologie et le climat, des cartes spatiales, des atlas, des photographies et des ensembles de données sectorielles qui sont tous facilement accessibles. Bien que les ensembles de données soient importants, rien n’est confidentiel sur notre plateforme qui est destinée à tous ceux qui s’intéressent au développement et à la situation du Mékong »
La Chine dément toute affaire d’espionnage
L’ambassade de Chine au Cambodge a rejeté ces allégations et a retourné la situation contre les États-Unis, les qualifiant de plus grande source de cyberattaques au monde. Le 22 juillet, l’ambassade de Chine à Phnom Penh a fermement démenti l’accusation selon laquelle quatre pirates informatiques chinois du ministère de la Sécurité d’État avaient piraté et volé des données sur le Mékong à un ministère cambodgien.
On peut lire sur le Facebook de l’ambassade de Chine au Cambodge : La Chine s’oppose fermement aux cyberattaques sous toutes leurs formes. Elle n’a jamais encouragé, soutenu ou toléré les cyberattaques, et ne le fera jamais. En fait, les États-Unis sont la principale source de cyberattaques dans le monde. Les écoutes et la surveillance américaines ne connaissent aucune limite, pas même pour leurs « alliés ».
Sur la question de la cybersécurité, les États-Unis ont perdu depuis longtemps la dernière parcelle de crédibilité. Les accusations à l’emporte-pièce, la projection de la mauvaise conscience sur les autres, les discordes semées partout ne sont rien d’autre que « la nouvelle robe de l’empereur », qui n’a d’autre valeur que la désinformation et la tromperie. L’article de Reuters, qui repose entièrement sur la fabrication et le mensonge des États-Unis, est truffé d’incohérences factuelles et logiques. Parmi celles-ci, il est dit que l’ambassade de Chine au Cambodge n’a pas répondu à une demande de commentaire. Cela est en désaccord avec les faits. L’ambassade de Chine n’a jamais reçu de demande de commentaire de la part de Reuters concernant cette affaire, et ne manquera aucune occasion de démentir la désinformation et les informations erronées.
Réaction du gouvernement cambodgien
Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a également rejeté les rapports comme étant sans fondement et a déclaré qu’il ne s’occuperait d’aucune sorte d’enquête. « J’ai vu le rapport, affirmant que des données ont été volées, mais jusqu’à présent, le ministère n’a aucun problème avec cela », a déclaré le porte-parole du ministère, Koy Kuong, à CamboJAnews. « Il n’est pas nécessaire d’avoir une réponse au rapport ou de faire une enquête… Nous ne nous en soucions pas, ils peuvent rapporter ce qu’ils veulent. »
Le Cambodge sur la ligne des tensions sino – américaines.
Cette affaire est le dernier coup dur pour les relations entre le Cambodge et les États-Unis, qui sont de plus en plus tendues à mesure que le Cambodge se rapproche de Pékin. Lors d’une visite en juin, la secrétaire d’État adjointe américaine Wendy Sherman a fait part au Premier ministre Hun Sen de ses préoccupations concernant la démocratie au Cambodge et la présence militaire chinoise à la base navale de Ream, le long de la côte cambodgienne.
Les États-Unis ont déclaré qu’une base militaire chinoise au Cambodge – interdite par la constitution du pays – « porterait atteinte à sa souveraineté, menacerait la sécurité régionale et aurait un impact négatif sur les relations entre les États-Unis et le Cambodge« . Le mois dernier les Etat Unis ont mis fin au programme de formation des officiers cambodgiens dans leur écoles militaires. Le Cambodge va bientôt assumer la présidence tournante de l’ASEAN à l’heure où la Chine réitère ses visées sur Taiwan et sur la Mer de Chine, le plaçant de facto sur la ligne de tension nouvelle entre les Etats Unis et la Chine.
Par Raphaël Ferry – Lepetitjournal.com – 27 juillet 2021
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