Poursuite de la répression en Birmanie : les journalistes Myo Thant et Win Naing Oo placés en détention
Leurs deux noms viennent s’ajouter à une liste de 54 journalistes et employés de médias actuellement maintenus en détention dans les geôles de la junte birmane.
Face à cette répression sans fin, Reporters sans frontières (RSF) rappelle à la communauté internationale la nécessité d’imposer des sanctions ciblées aux responsables de cette escalade dans la terreur.
Le journaliste Myo Thant, qui a occupé le poste de rédacteur en chef de l’agence Mizzima News, a été arrêté hier soir, mercredi 15 septembre, à Kangye Htaunk, un canton de la région du delta du fleuve Irrawady, dans le sud-ouest de la Birmanie.
Selon des informations recueillies par RSF, les forces de sécurité, informées de la présence du journaliste, ont débarqué dans cette localité en fin de journée, en menaçant d’enlever sa tante s’il ne se rendait pas. Myo Thant a été emmené vers 20 heures.
L’agence Channel Mandalay a par ailleurs confirmé aujourd’hui, jeudi 16 septembre, la détention de l’un de ses journalistes, Win Naing Oo, qui avait été arrêté en compagnie de son épouse le 31 août dernier.
L’information a été révélée à la faveur de sa mise en accusation officielle selon les termes de l’article 505.A du code pénal, qui punit de trois ans de prison la diffusion d’informations contrevenant aux intérêts de l’armée. Il est actuellement maintenu au secret dans un centre de détention du canton de Sint Kaing, à Mandalay, la deuxième ville du pays.
“Persécution, pressions sur les familles, détention au secret… L’arrestation de Win Naing Oo et Myo Thant illustre tristement l’extrême brutalité avec laquelle les militaires birmans traitent les journalistes, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Leur nom vient s’ajouter à une liste qui ne cesse de grossir. Il est grand temps que la communauté internationale réagisse à cet état de fait en imposant des sanctions ciblées contre les responsables de la junte au pouvoir.”
Deuxième prison de journalistes dans le monde
Selon les chiffres de RSF, avec l’ajout de Myo Thant et Win Naing Oo, on compte au moins 53 journalistes professionnels actuellement détenus dans les geôles birmanes, auxquels il faut ajouter deux journalistes non professionnels et un collaborateur de médias – soit un total de 56 travailleurs des médias emprisonnés. En un peu plus de six mois, depuis le coup d’Etat du 1er février dernier, la Birmanie est devenue la deuxième plus grande prison de journalistes au monde, derrière la Chine.
L’arrestation de Myo Thant intervient deux semaines après celle de Ma Thuzar, une reporter qui travaillait, entre autres, pour la Myanmar Pressphoto Agency et le Friday Times News Journal. Comme RSF l’a récemment révélé, son interpellation est restée secrète pendant cinq jours.
La Birmanie se situe actuellement à la 140e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
Reporters Sans Frontières – 16 septembre 2021
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