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Birmanie : Aung San Suu Kyi témoigne pour la première fois dans son procès

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Enfermée depuis le coup d’état militaire de février, la Prix Nobel de la paix a pu répondre ce mardi aux nombreuses accusations dont elle fait l’objet.

La parole est (enfin) à Aung San Suu Kyi. L’ex-dirigeante birmane, jugée depuis juin après avoir été renversée par un coup d’Etat militaire en février, a témoigné pour la première fois ce mardi devant un tribunal de la junte au pouvoir. Selon une source proche du dossier, la Prix Nobel de la paix, âgée de 76 ans et assignée à résidence à Naypyidaw depuis le putsch, a «fourni elle-même ses déclarations à la cour» en réponse aux accusations d’incitation aux troubles publics. En septembre, elle avait plaidé non coupable.

Outre ces accusations d’incitation aux troubles publics, Aung San Suu Kyi est poursuivie pour une longue liste d’autres infractions : importation illégale de talkies-walkies, violation des restrictions liées au Covid-19, sédition, corruption ou encore viol d’une loi datant de l’époque coloniale. Elle risque donc plusieurs dizaines d’années de prison.

Un procès à huis clos

Le contenu de son premier témoignage «ne peut pas être révélé» jusqu’à ce que le tribunal certifie ses déclarations, a précisé la même source. Ce qui pourrait intervenir la semaine prochaine. Les médias se sont par ailleurs vu interdire l’accès au procès d’Aung San Suu Kyi qui se déroule à huis clos dans un tribunal spécial de la capitale Naypyidaw. La junte militaire au pouvoir contrôle tout : le principal avocat de l’ex-dirigeante, Khin Maung Zaw, avait annoncé mi-octobre ne plus avoir le droit de parler aux médias, aux diplomates étrangers et aux organisations internationales, relayant sur Facebook une ordonnance du régime militaire.

Fille du partisan de l’indépendance birmane Aung San, Aung San Suu Kyi co-fonde en 1988 la Ligue nationale pour la démocratie (LND), un parti politique opposé à la junte militaire au pouvoir dont elle devient secrétaire générale. En 1990, le gouvernement militaire annule les élections législatives, remportées par la LND, et place l’opposante en résidence surveillée. Elle est libérée en 2010 après avoir bénéficié d’un important soutien international durant son enfermement et notamment reçu le prix Nobel de la paix en 1991.

Une guerre civile redoutable

Elue députée aux élections partielles de 2012, elle mène son parti à la victoire aux législatives de 2015, organisées plus librement que les précédentes. L’année suivante, alors qu’une disposition constitutionnelle l’empêche de devenir présidente de la République, Aung San Suu Kyi est nommée ministre des Affaires étrangères, conseillère spéciale de l’Etat et porte-parole de la présidence, soit cheffe de gouvernement de facto, jusqu’au 1er février 2021.

A partir de cette date le pays sombre dans une guerre civile redoutable qui a jeté dans la pauvreté et sur les routes de l’exil des dizaines de milliers de personnes, déjà lourdement frappées par l’épidémie de Covid. Le 18 octobre, l’exclusion du chef de la junte de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) avait poussé le pouvoir militaire à lâcher un peu de lest en annonçant la libération et la grâce de 5 636 prisonniers qui avait manifesté contre le coup d’Etat de l’armée, pour la fête bouddhiste de Thadingyut. Un geste en trompe-l’œil plutôt qu’une démocratisation du pays.

Libération avec Agence France Presse – 26 octobre 2021

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