Vietnam : deux ans après le drame du «camion-charnier», les volontaires au départ sont toujours plus nombreux
Au Vietnam, en 2019, la tragédie dite du camion-charnier avait marqué les esprits : 39 migrants vietnamiens avaient été retrouvés morts au Royaume-Uni dans une remorque frigorifique au cours du passage de la frontière depuis le port belge de Zeebruges. Pourtant deux ans après, le nombre de candidats au départ ne tarit pas, bien au contraire.
« Je suis désolée, maman. Mon parcours à l’étranger n’a pas été un succès. Je t’aime. Je meurs car je ne peux plus respirer. »
Ces derniers mots sont ceux de Pham Thi Tra My, jeune femme de 26 ans qui rêvait de faire sa vie en Angleterre. Au Vietnam, la tragédie avait fait la Une de tous les médias.
Pourtant deux ans après, la situation ne s’est pas améliorée, loin de là, les réseaux mafieux sont toujours actifs et les volontaires au départ plus nombreux que jamais, comme nous l’explique Michael Brosowski de l’ONG Blue Dragon à Hanoi : « La demande est toujours là. Beaucoup de gens considèrent que ce qui s’est passé est horrible, certes, mais qu’il s’agit d’un accident unique qui ne devrait pas se répéter. Ils pensent qu’essayer d’aller jusqu’au Royaume-Uni en vaut toujours le prix. Et c’est ce que leur disent les trafiquants : il y a plein d’emplois, vous gagnerez beaucoup d’argent et vous pourrez ainsi aider financièrement vos familles. »
Ils savent très bien qu’en fermant une filière, une autre va s’ouvrir à côté… Les gouvernements peuvent prendre les décisions qu’ils veulent, ça ne changera jamais vraiment…
Un phénomène hors normes
Depuis 2019, les autorités vietnamiennes ont certes accru leur répression contre les réseaux de passeurs mais semblent quelque peu démunies face à l’ampleur du phénomène, ajoute Michael Brosowski : « Il y a eu des arrestations et des mafieux, des trafiquants ont bien été arrêtés et jugés mais pour les autorités vietnamiennes, il s’agit d’un défi quelque peu insoluble : elles ne peuvent pas stopper les gens, les empêcher de partir légalement du pays. Les gens ont des passeports, des visas : c’est difficile d’identifier leur projet avant qu’ils ne soient partis du Vietnam. »
On estime que chaque année, près de 18 000 Vietnamiens paient des trafiquants pour se rendre en Europe, certains déboursant jusqu’à 40 000 euros.
Par Fréderic Noir – Radio France Internationale – 15 décembre 2021
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