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En Birmanie, verdict repoussé dans l’un des volets du procès d’Aung San Suu Kyi

L’ancienne dirigeante, déjà condamnée récemment à deux ans de prison, est sous le coup de nombreuses inculpations, et risque plusieurs décennies de détention pour l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.

Un verdict dans le procès-fleuve intenté par la junte birmane contre Aung San Suu Kyi a été reporté lundi 20 décembre, dernier rebondissement d’une longue série de procédures judiciaires qui pourraient conduire l’ancienne dirigeante, déjà condamnée à deux ans début décembre, en prison pendant des décennies.

La lauréate du prix Nobel, 76 ans, est assignée à résidence depuis le coup d’Etat du début d’année qui l’a renversée. Au matin du 1er février, les militaires avaient repris le pouvoir dans ce pays d’Asie du Sud-Est, mettant fin à une brève parenthèse démocratique.

Le jugement, dans le volet de l’affaire où elle est accusée d’avoir importé et possédé des talkies-walkies illégalement, a été repoussé au 27 décembre « sans donner de raison », a révélé une source proche du dossier. Pour cela, Aung San Suu Kyi risque en théorie trois ans de prison mais ce n’est là qu’une des nombreuses accusations qui, selon les analystes, visent à l’écarter définitivement de l’arène politique.

Les accusations portent sur les premières heures du coup d’Etat, lorsque des soldats et des policiers ont fait irruption à son domicile et l’auraient trouvée en possession de matériel non autorisé. Au cours de l’instruction, des membres de l’équipe ayant mené le raid ont admis lors d’interrogatoires qu’ils n’avaient pas de mandat de perquisition, selon une source proche du dossier.

Un procès à huis clos

Au début du mois, elle a été condamnée à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19, un verdict fortement condamné par la communauté internationale. Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a par la suite commué la peine à deux ans de prison, et annoncé qu’elle purgerait sa peine en résidence surveillée dans la capitale, Naypyidaw.

Les médias ne sont pas autorisés à assister à son procès à huis clos devant un tribunal spécial de la capitale. La junte a également interdit à son équipe juridique de parler à la presse et aux organisations internationales.

La junte a régulièrement ajouté de nouvelles inculpations, notamment pour corruption, punissable de quinze ans de prison, et pour fraude électorale lors des élections que son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a remportées haut la main en novembre 2020.

Depuis presque dix mois, la dame de Rangoun est confinée dans un lieu tenu secret avec une petite équipe. Son lien avec l’extérieur se limite à de brèves réunions avec ses avocats, qui l’ont tenue informée de la situation dans le pays et ont relayé des messages à ses partisans. L’équipe de défense d’Aung San Suu Kyi était l’unique source d’information sur ce procès qui se tient à huis clos. Entre-temps, plusieurs procès ont condamné à des peines sévères d’autres membres importants de la LND. Un ancien ministre a été condamné à soixante-quinze ans de prison début décembre, tandis qu’un proche collaborateur de l’ancienne chef du gouvernement a écopé d’une peine de vingt ans.

Le Monde avec Agence France Presse – 20 décembre 2021

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