Birmanie : la junte procède aux premières exécutions capitales depuis plusieurs décennies
Les quatre condamnés, parmi lesquels un militant actif prodémocratie, avaient été accusés « d’acte de terreur brutaux et inhumains ». L’armée au pouvoir poursuit une répression sanglante contre ses opposants avec plus de 2 000 civils tués depuis le coup d’Etat de 2021.
La junte birmane a procédé à l’exécution de quatre prisonniers, dont un ancien député du parti de l’ancienne dirigeante civile Aung San Suu Kyi, a indiqué lundi 25 juillet un média d’Etat, alors que la peine de mort n’avait plus été pratiquée depuis des décennies.
Les condamnés, parmi lesquels un militant actif prodémocratie, avaient été accusés « d’actes de terreur brutaux et inhumains », selon le Global New Light of Myanmar. D’après le journal officiel, les exécutions ont suivi « les procédures de la prison », sans préciser ni comment ni quand elles ont été réalisées.
Le militant en question est le chanteur de hip-hop Zayar Thaw, 41 ans, ex-député de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi. Il fut cofondateur du premier groupe de hip-hop birman, Acid, puis emprisonné de 2008 à 2011 pour avoir mené une campagne de graffitis contre la junte. Il avait été élu député de la Ligue nationale pour la démocratie en 2012, lors des premières élections partielles qui lui furent ouvertes, puis de nouveau en 2016.
Un des autres prisonniers exécuté est le militant et écrivain Ko Jimmy, de son vrai nom Kyaw Min Yu, 53 ans. Il fut un leader étudiant lors du soulèvement de 1988, et a passé plus de quinze années en détention entre 1988 et 2012.
Tous deux avaient été condamnés en janvier pour avoir organisé et planifié des attaques considérées par la junte comme des actes de terrorisme. Le 4 juin, le porte-parole du gouvernement issu du coup d’Etat a déclaré que les appels des deux prisonniers, et de deux autres condamnés à mort, étaient rejetés et qu’ils seraient pendus, provoquant la colère des ONG et de nombreux pays – dont la France, qui a dénoncé une « décision abjecte ». En Birmanie, des manifestants avaient déroulé une bannière promettant des « représailles » contre la junte, a signalé le site d’information prodémocratie The Irrawwady, sur Twitter, le 15 juin.
Répression sanglante
Depuis le coup d’Etat militaire du 1er février 2021, la Birmanie a condamné à la peine de mort des dizaines d’opposants à la junte.
Phyo Zeya Thaw, un ancien député du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, a été arrêté en novembre et condamné à la peine de mort en janvier pour avoir enfreint la loi antiterroriste.
Les deux autres prisonniers exécutés sont deux hommes accusés d’avoir tué une femme qu’ils soupçonnaient d’être une informatrice de la junte. L’armée au pouvoir poursuit une répression sanglante contre ses opposants avec plus de 2 000 civils tués et plus de 15 000 arrêtés depuis le coup d’Etat, selon une ONG locale.
Elle est également visée par des accusations de génocide contre les Rohingya. En 2017, plus de 740 000 membres de cette minorité musulmane ont trouvé refuge dans des camps de fortune au Bangladesh pour fuir les exactions des militaires.
Le Monde avec Agence France Presse – 25 juillet 2022
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