Le Premier ministre thaïlandais « menacé » sur la durée légale de son mandat
L’opposition thaïlandaise entend saisir la Cour constitutionnelle pour statuer sur la limite légale du mandat du Premier ministre, estimant que celui-ci doit arriver à son terme à la fin de ce mois-ci.
Le principal parti d’opposition en Thaïlande a fait savoir mardi qu’il tenterait de mettre fin au mandat du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha dès ce mois-ci, soulignant que ses années passées à la tête de la junte après son coup d’État de 2014 doivent être prises en compte au regard de la limite constitutionnelle de huit ans d’exercice du pouvoir.
Prayuth Chan-O-Cha doit convoquer des élections dans les 10 mois à venir, mais le parti Pheu Thai estime que son mandat devrait se terminer le 23 août prochain, a déclaré l’expert juridique du parti, Chusak Sirinin, ajoutant que le parti va en conséquence demander à la Cour constitutionnelle de statuer sur la durée légale de son mandat.
L’ancien chef de l’armée âgé de 68 ans a été chef de la junte militaire et Premier ministre de 2014 à 2019, soit cinq ans, avant que le nouveau Parlement issu des élections controversées de 2019 ne le reconduise pour quatre années de plus.
L’opposition estime que le mandat de Premier ministre de Prayuth Chan-O-Cha a commencé en août 2014, quelques mois après le coup d’État, et devrait donc en principe se terminer ce mois-ci.
À quel moment remettons les compteurs à zéro ?
Mais le général royaliste qui, au cours des deux dernières années, a survécu à quatre motions de censures au Parlement et à un mouvement de protestation inédit dans le royaume mené par une partie de la jeunesse thaïlandaise, sait qu’il a de grandes chances d’obtenir un jugement favorable de la cour.
S’il n’a pas encore fait de commentaire public sur le sujet, éludant les questions sur ce point, ses partisans soutiennent que la durée de son mandat de Premier ministre doit être prise en compte au plus tôt en 2017, lorsque la Constitution actuelle est entrée en vigueur, voire après les élections de 2019. Cela signifierait qu’il pourrait être autorisé à rester au pouvoir jusqu’en 2025 ou 2027, s’il devait être réélu.
La Cour constitutionnelle, bête noire des opposants à Prayuth Chan-O-Cha, a rendu ces quinze dernières années toute une série de jugements quasi systématiquement en faveur de l’establishment royaliste et dont certains ont fait basculer le destin politique du pays.
Ce débat autour de la durée légale du mandat souligne à quel point la vie politique du royaume a été troublée, au cours des deux dernières décennies, par la profonde division entre un camp qui bénéficie systématiquement du vote populaire et l’autre qui jouit du soutien indéfectible des institutions, donnant lieu à deux coup d’Etat militaires et changements de Constitution, entrecoupés de décisions de justice controversées et de manifestations de masse parfois réprimées dans le sang.
Lepetitjournal.com avec Reuters – 3 août 2022
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