Birmanie. La nouvelle condamnation d’Aung San Suu Kyi plonge le pays dans l’inconnu
Birmanie. La nouvelle condamnation d’Aung San Suu Kyi plonge le pays dans l’inconnu.
Les ennemis d’Aung San Suu Kyi n’ont pas eu de pitié pour ses vieux jours. L’ex-dirigeante birmane âgée de 77 ans a été condamnée à sept ans de prison supplémentaires pour corruption, vendredi 30 septembre, dans un tribunal de la capitale Naypyidaw. Ce qui porte le total de la peine qu’elle devra purger à trente-trois ans. C’est la fin des multiples affaires judiciaires sous des motifs aussi divers que fantaisistes que les militaires de la junte birmane, qui ont brutalement repris tous les pouvoirs le 1er 2021, lui avaient imputé afin de tuer tout espoir qu’elle puisse sortir, de son vivant, de prison. Manière, aussi, de mettre un terme au parcours de cette personnalité qui avait déjà passé quinze ans en résidence surveillée de 1990 à 2010.
Dans la terreur imposée par la junte depuis plus d’un demi-siècle, le Prix Nobel de la paix 1991 a apporté quelques rares éclaircies. Mais à coups d’annulation d’élections, en 2015, puis en renversant la dirigeante le 1er février 2021, l’armée a très vite coupé les ailes de la double gagnante de la présidentielle avec son parti, la Ligue nationale de la démocratie. Elle n’a pas eu le temps de servir l’espoir des Birmans. Un bref retour au pouvoir qui plus est terni par son incapacité à défendre la minorité musulmane Rohingya, victime d’exactions massives.
L’armée terrorise mais peine à s’imposer
Aujourd’hui, le chaos birman est comparé à la guerre civile en Syrie par l’Onu. Depuis que la junte, soutenue par la Chine et la Russie, a renversé Aung San Suu Kyi, elle exécute des civils à tour de bras – 4 000 selon ses propres déclarations cette année – ainsi que des membres de milices rebelles indépendantes, au les quatre coins du pays.
15,2 millions d’individus parmi 53 millions d’habitants se trouvent en situation d’insécurité alimentaire grave et modérée »,
selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha). D’après le média indépendant birman The Irrawady, le Myanmar est en train de retomber dans le triste état qu’il a enduré à la fin des années 1990, lorsque les gens n’avaient l’électricité que quelques heures par jour ».
Mais il met aussi en évidence la difficulté de l’armée à s’imposer, citant les manifestations qui ont rassemblé des milliers d’anti-putschistes, étudiants, employés dans des mines, profs ou personnel de santé, dans les rues de Rangoun au mois de février. D’autant que le régime applique à nouveau la peine capitale depuis son coup d’État, ce qui n’était pas arrivé depuis 1989.
Suite du procès-farce, la junte en quête de légitimité a promis des élections en 2023. Mais avant de terminer l’année, le général Min Aung Hlaing, a approuvé un budget militaire supplémentaire de plus de 440 milliards de kyats (200 millions d’euros), le faisant passer à 4 trillions de kyats (près de deux millions d’euros).
Par Marie Moussié – Ouest France – 30 décembre 2022
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