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Thaïlande : quand un calendrier avec des canards conduit à la prison

Depuis novembre 2020, plus de 200 personnes ont été condamnées à de la prison pour avoir « diffamé le roi ». Une tendance fustigée par les ONG internationales.

Trois ans de prison pour avoir vendu des calendriers satiriques. Le 7 mars dernier, rapporte Courrier international, un homme de 26 ans a été condamné par un tribunal du nord-ouest de Bangkok après près d’une semaine de procès. Arrêté lors de la Saint-Sylvestre 2020, il était « accusé de diffamation envers le roi ». Le motif du courroux des autorités ? La vente de calendrier contenant des dessins de canards jaunes gonflables… « ressemblant au monarque ». Il faut dire que depuis novembre 2020, ces palmipèdes jaunes sont devenus une marque de la contestation contre le roi thaïlandais Rama X, au pouvoir depuis 2016.

Selon le média thaïlandais Thai Enquirer, critique du pouvoir, la police avait mis sur pied une opération d’envergure pour interpeller le jeune homme. En effet, des membres des forces de l’ordre ont fait croire au jeune homme qu’ils étaient intéressés par l’un de ses produits, avant de commander un exemplaire. Ni une ni deux, grâce à cet envoi – ou plutôt à cause – les autorités parviennent à remonter jusqu’à l’auteur. D’après la presse locale, la peine de prison du jeune homme a été réduite « à deux ans, sans possibilité de liberté conditionnelle » à la suite d’une « coopération » de sa part. Depuis 2014, le « crime de lèse-majesté » est considéré comme une infraction relevant de la sécurité nationale. Une qualification qui empêche le condamné de faire appel.

Jusqu’à 15 ans de prison

Le canard jaune est devenu politique depuis le 17 novembre 2020 dans le pays. Et ce, après l’utilisation de canons à eau de la part de la police pour disperser des manifestants venus réclamer davantage de démocratie. Brandis, d’abord, pour se protéger, ils sont progressivement devenus le symbole de la défiance contre les élites thaïlandaises. Cette énième condamnation, dont plus de 200 ont été recensés depuis novembre 2020, a été critiquée par l’ONG Human Rights Watch. Dans un communiqué, l’organisation estime que « la Thaïlande s’éloigne de plus en plus d’une démocratie respectueuse des droits ».

À ce jour, le crime de « lèse-majesté » est puni d’une peine de prison qui peut atteindre les quinze ans de prison. Si cette infraction concerne, logiquement, le Roi lui-même… elle a été étendue ces dernières années à tous les membres de la famille royale, mais également aux membres de sa cour. En 2015, un homme avait été accusé de diffamation à l’encontre d’un chien royal et maintenu en détention pendant au moins plusieurs semaines.

Par Benoît Leroy – Le Point – 8 mars 2023

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