En Birmanie, les restrictions de la junte et les coupures d’électricité freinent l’économie, selon la Banque mondiale
Les fréquentes coupures d’électricité en Birmanie et les restrictions imposées par la junte aux entreprises et au marché des changes constituent un frein pour l’économie du pays, selon un document de la Banque mondiale.
La situation économique du pays d’Asie du Sud-Est a montré « des signes hésitants de stabilisation » durant le premier semestre de l’année 2023, rapporte la Banque mondiale.
L’inflation concernant les produits alimentaires et les carburants semble ralentir, tandis que la production manufacturière et le nombre de nouvelles commandes se sont accrus depuis le début de l’année, ajoute l’institution financière internationale.
Le PIB birman est toutefois inférieur de quelque 10% par rapport à celui de 2019, note la Banque mondiale qui avertit que l’économie du pays pourrait être « marquée de façon permanente » par les retombées du coup d’Etat de 2021, lors duquel les militaires birmans ont repris le pouvoir en démettant le gouvernement d’Aung San Suu Kyi.
La Birmanie est depuis déchirée par des affrontements meurtriers entre la junte et ses opposants, combats qui ont provoqué le déplacement d’au moins un million de personnes selon les Nations unies.
Depuis le début de l’année, la junte a introduit de nouvelles exigences en matière de permis d’exportations et d’importations, et des règles plus strictes quant aux importations de carburants, relate l’organisation.
Un dollar américain sur le marché libre vaut autour de 25 à 30% plus cher par rapport au taux fixé par la banque centrale, ce qui accroît la pression sur les entreprises.
Selon la Banque mondiale, les entreprises connaissent des difficultés d’accès au marché des changes, aux intrants ainsi qu’aux licences commerciales.
Les coupures d’électricité répétées ont également affecté l’économie birmane en 2023. 42% des entreprises ont déclaré que les pannes de courant ont constitué la plus importante des contraintes « pour leur activité en mars », ajoute l’institution dont le siège se situe à Washington.
Les coupures d’électricité sont fréquentes en Birmanie, où le réseau défectueux et obsolète n’est pas adapté aux pics de la demande durant les mois chauds de l’été. La junte a attribué l’aggravation des pannes à l’augmentation des prix du gaz et à des attaques contre des infrastructures menées par des combattants opposés au putsch.
La Banque mondiale prévoit une croissance de 3% pour l’année fiscale 2022-23 qui s’achève le 30 septembre. La Birmanie avait vu son PIB croître de 6,8% en 2019, selon l’organisation, juste avant le début de la pandémie de Covid.
Agence France Presse – 28 juin 2023
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