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Vente pyramidale : le scandale Icon Group secoue la Thaïlande

Un réseau de vente pyramidale impliquant des politiciens, des célébrités, des fonctionnaires et même des moines, a été démantelé en Thaïlande.

À l’heure actuelle, plus de 2 000 plaintes contre Icon Group ont été signalées et les dommages s’élèvent à 841 millions de bahts (23,34 millions d’euros).

La police thaïlandaise a annoncé le 17 octobre qu’elle avait arrêté 18 personnes, dont trois célébrités, pour leur implication dans une vaste fraude présumée de vente pyramidale liée au groupe Icon.

Le groupe est soupçonné d’avoir incité des milliers de personnes à acheter des produits dans le cadre d’un système pyramidal.

Les victimes ont été attirées par des promesses de ventes mirobolantes de produits de suppléments alimentaires, mais se sont retrouvées incapables de les vendre, et ont été incitées à recruter davantage de “distributeurs” pour récupérer une partie de l’argent investi.

L’affaire a commencé à faire les gros titres la semaine dernière, lorsque plus de 1 000 victimes ont déposé des plaintes auprès de la police.

Les victimes ont déclaré qu’elles avaient été incitées à investir des sommes importantes pour acheter les produits de la société.

Le Major général Sophon Saraphat, commissaire adjoint du Bureau central des enquêtes (CIB), a indiqué le vendredi 18 octobre que 2 170 plaintes au total avaient été déposées, pour un montant total de 841 millions de bahts.

Et ce nombre devrait encore augmenter dans les prochains jours.

Le chef de la police nationale, le général Kitrat Phanphet, a demandé aux unités de police de tout le pays de mettre en place des centres de plaintes, afin que toutes les victimes présumées puissent faire part de leurs doléances.

Sophon a déclaré que toutes les unités de police devaient accepter les plaintes, faute de quoi elles feraient l’objet de mesures disciplinaires.

Les autorités ont déjà saisi 24 voitures de luxe, 7,5 millions de bahts en espèces, 51 montres de luxe et de nombreux sacs et produits de marque sur des suspects liés à l’affaire de fraude du groupe iCon.

La valeur totale des biens saisis s’éleve à environ 210 millions de bahts (5,82 millions d’euros).

Certains suspects ayant transféré des actifs à d’autres personnes pourraient faire l’objet de poursuites supplémentaires pour blanchiment d’argent.

Interrogé sur la délivrance de mandats d’arrêt à l’encontre d’autres suspects, Sophon a déclaré qu’aucune personne, y compris les célébrités ou les moines, ne serait exemptée si elle était impliquée dans ces infractions.

À l’heure actuelle, 18 suspects, dont Waranthaphon Wratyaworrakul, fondateur et PDG du groupe iCon, ont été arrêtés pour fraude publique et falsification d’informations dans un système informatique.

Tous les suspects sont actuellement en garde à vue.

M. Warnthaphon, 41 ans, semblait stressé lorsqu’il a été escorté du CIB au tribunal de la rue Ratchadaphisek à Bangkok le vendredi 18 octobre.

La police s’est opposée à sa libération sous caution, invoquant la collusion avec d’autres suspects et la nature systématique de leurs infractions, qui ont eu un impact sur la société et impliqué de nombreuses victimes.

Selon les officiers, il pourrait s’enfuir s’il était libéré temporairement.

Après avoir examiné la demande de la police et le témoignage de M. Warathaphon, le tribunal a accédé à la demande de détention.

Le suspect n’a pas demandé à être libéré sous caution et a été conduit à la prison de Bangkok à 11 h 45.

Les 18 suspects, accusés de complicité de fraude publique et d’introduction de fausses informations dans un système informatique, ont nié les accusations.

Dix-sept suspects ont été renvoyés devant le tribunal jeudi.

Tous ont été incarcérés après que le tribunal a rejeté les demandes de mise en liberté sous caution présentées par trois célébrités très en vue, invoquant le risque de fuite, tandis que les autres n’ont pas demandé à être libérés.

Les trois célébrités sont l’acteur Yuranunt Pamornmontri, l’actrice Pechaya Wattanamontree et l’animateur de télévision Kan Kantathavorn.

Les suspects, appelés « patrons » dans la hiérarchie marketing du groupe iCon, ont été appréhendés mercredi à la suite de la première série de plaintes pour escroquerie.

Les victimes ont déclaré que la société les avait attirées avec des cours de marketing en ligne coûtant moins de 100 bahts et les avait poussées à s’engager financièrement, ce qui leur avait fait perdre beaucoup d’argent.

Les enquêteurs ont terminé leur interrogatoire vers 20 heures le jeudi 17 octobre, avant que M. Warathaphon ne soit présenté au tribunal le lendemain matin.

Concernant le scepticisme du public à l’égard de l’entreprise, le major général Suwat a déclaré que les enquêteurs avaient besoin de temps pour travailler sur l’affaire et qu’ils collaboreraient avec les agences concernées.

Il a promis que justice serait rendue à toutes les personnes impliquées.

Withoon Keng-ngarm, l’avocat de M. Warathaphon, a déclaré vendredi qu’il ne demanderait pas de libération sous caution après que d’autres suspects se sont vu refuser la libération.

L’avocat a rendu visite à son client au bureau de la CIB avant le procès.

Lors de l’interrogatoire, M. Warathaphon a insisté sur le fait que son entreprise fonctionnait en toute légalité.

Son avocat a déclaré que toutes les personnes impliquées étaient innocentes.

Jeudi, le major général Jaroonkiat Pankaew, commissaire adjoint de la CIB, a interrogé M. Warathaphon au sujet d’un clip audio d’une conversation entre deux hommes.

L’un d’eux est un politicien qui demande des pots-de-vin et promet en échange le soutien d’autres politiciens renommés.

Le PDG de la société a admis que le clip audio qui est devenu viral sur les médias sociaux était sa propre voix.

Il a toutefois insisté sur le fait qu’il n’avait jamais versé de pots-de-vin à des organismes publics, contrairement à ce qui avait été allégué.

Son avocat a également réfuté les affirmations d’Ekkapop Luangprasert, conseiller du ministre de l’Intérieur, concernant la conversion d’actifs en crypto-monnaies pour payer des pots-de-vin.

M. Withoon a déclaré que le chiffre d’affaires de la société était de 10 milliards de bahts, ce qui rend impossible l’utilisation de ce montant pour des pots-de-vin.

Il a vérifié les affirmations de M. Ekkapop et a constaté que la personne mentionnée par le conseiller du ministre n’avait aucun lien avec le groupe Icon.

Il a averti M. Ekkapop qu’il pourrait être poursuivi pour fausses allégations.

Les autorités ont déclaré avoir gelé 125 millions de bahts (3,46 millions d’euros) sur les comptes bancaires de quatre cadres de l’entreprise et saisi des voitures de luxe, notamment des Porsche et des Ford Mustang.

La police enquête sur les comptes bancaires et les transferts d’argent associés aux suspects afin de déterminer si d’autres personnes sont impliquées.

Le gouvernement thaïlandais a également mis en place un comité chargé d’enquêter sur les allégations selon lesquelles de nombreux fonctionnaires seraient impliqués dans ce système d’extorsion et de corruption de la part de l’entreprise.

Corruption à tous les niveaux

Les accusations portées contre le groupe Icon, révèlent des liens de plus en plus étroits avec divers secteurs.

Cela commence par l’industrie du divertissement, où des célébrités ont été utilisées comme « marionnettes », volontairement ou par tromperie, pour renforcer la crédibilité du groupe iCON et inciter les victimes à croire en cette entreprise.

La situation s’étend ensuite à la sphère politique, avec la diffusion du clip audio du politicien demandant des pots-de-vin et promettant le soutien des « forces divines » (des politiciens de renom) pour protéger le groupe.

Simultanément, des questions ont été soulevées au sujet des « fonctionnaires et agences gouvernementales » impliqués, de la corruption et de l’abus de pouvoir au profit d’opérations commerciales risquées.

Récemment, l’Office de protection des consommateurs (OCPB), chargé de superviser et de protéger directement les droits des citoyens, a fait l’objet d’un examen minutieux, car certains de ses cadres seraient liés à l’affaire.

Un célèbre moine bouddhiste, V Vajiramedhi, a été critiqué pour avoir fait un sermon aux membres seniors et juniors du groupe iCon ou il a beaucoup parlé de la façon de devenir riche rapidement.

Il a essentiellement dit qu’il fallait continuer à travailler dur pour s’enrichir et que participer à des séminaires de formation comme ceux proposés par le groupe Icon pourrait être un moyen de perfectionner ses compétences.

Pour sa défense, il a publié une déclaration disant que le groupe Icon a également invité d’autres moines seniors et que ce qu’ils sont tous censés faire, c’est dire de belles choses à propos de l’hôte.

Des clips ont été montés et présentés de manière sélective pour le présenter sous un mauvais jour, a déclaré V Jariramedhi.

Toutelathailande.fr avec The Bangkok Post, The Nation Thailand, Thai PBS World – 19 octobre 2024

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