La Cour constitutionnelle écarte la Première ministre
La crise politique en Thaïlande prend un nouveau tournant. Mardi, la Cour constitutionnelle a suspendu la Première ministre Paetongtarn Shinawatra de ses fonctions, dans l’attente d’une décision sur sa possible révocation. Une décision qui fragilise un peu plus un gouvernement déjà sous pression, alors que des critiques s’accumulent sur plusieurs fronts.
La Cour a annoncé avoir accepté, à l’unanimité (9 voix contre 0), une requête déposée par 36 sénateurs, et a voté à 7 voix contre 2 la suspension immédiate de la Première ministre. Cette requête invoque les articles 170 et 82 de la Constitution et accuse Paetongtarn d’avoir violé les normes éthiques et d’avoir fait preuve de malhonnêteté, à la suite de la fuite d’une conversation téléphonique politiquement sensible avec le président du Sénat cambodgien Hun Sen, figure politique influente de la région.
Une affaire aux conséquences politiques majeures
La fuite de cette conversation, portant sur des sujets liés à la frontière entre les deux pays, a suscité une vive indignation en Thaïlande. Plusieurs groupes de protestation ont exigé la démission immédiate de Paetongtarn, tandis que sa coalition gouvernementale vacille : le parti Bhumjaithai a quitté l’alliance, et un vote de défiance est désormais envisagé. Le gouvernement n’a pas encore réagi officiellement à la suspension.
Un intérim à la tête de l’exécutif
Dans l’attente d’un jugement définitif de la Cour, le Vice-Premier ministre et ministre des Transports, Suriya Jungrungreangkit, assurera l’intérim à la tête du gouvernement. Il restera en fonction jusqu’au 3 juillet, date à laquelle Phumtham Wechayachai devrait recevoir l’agrément royal pour devenir vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur.
Ironie du calendrier, Paetongtarn doit également être nommée ministre de la Culture ce même jour, à la suite d’un remaniement. Il demeure cependant incertain que sa suspension s’applique aussi à cette nouvelle fonction.
Une instabilité politique persistante
Cette affaire vient souligner la fragilité du gouvernement de Paetongtarn Shinawatra, quelques mois seulement après sa prise de fonctions. Si son avenir politique dépend désormais de la décision de la Cour constitutionnelle, c’est aussi la stabilité du paysage politique thaïlandais qui se trouve à nouveau ébranlée. Entre méfiance croissante dans l’opinion publique, tensions avec les alliés régionaux et incertitude parlementaire, l’issue reste largement imprévisible.
Gavroche-thailande.com – 1er juillet 2025
Articles similaires / Related posts:
- Thaïlande : le Premier ministre peut rester au pouvoir (Cour constitutionnelle) La Cour constitutionnelle thaïlandaise a décidé mercredi que le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, dont des dizaines de milliers de manifestants réclament la démission depuis des mois, pouvait rester au pouvoir, rejetant une plainte dont elle était saisie sur un possible conflit d’intérêt....
- Le 7 mai, Thanathorn face au délit de lèse majesté Inculpé mardi pour délit de lèse majesté, le leader de l’opposition Thanathorn Juangroongruangkit a rendez vous le 7 mai prochain avec la justice....
- Le Premier ministre thaïlandais « menacé » sur la durée légale de son mandat L’opposition thaïlandaise entend saisir la Cour constitutionnelle pour statuer sur la limite légale du mandat du Premier ministre, estimant que celui-ci doit arriver à son terme à la fin de ce mois-ci....
- Thaïlande : le premier ministre suspendu par la Cour constitutionnelle La plus haute instance juridique de Thaïlande a suspendu mercredi 24 août le premier ministre Prayut Chan-o-cha. En cause : la limite de huit ans de mandat pour les chefs de gouvernement inscrite dans la Constitution....
- Face à la Cour Constitutionnelle, Prayut est “confiant” en son équipe juridique Le général Prayut Chan-o-cha est apparu confiant après que son équipe juridique a présenté son dossier sur son mandat de Premier ministre....