Le cardinal Bo donne de la voix
Le cardinal Charles Maung Bo, président de la Conférence épiscopale de Birmanie et de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie, s’est joint aux récents appels du pape François et du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à un cessez-le-feu dans tous les conflits en cours aujourd’hui sur la planète afin de que la lutte contre la pandémie Covid-19 soit bel et bien la priorité de tous.
La Birmanie est minée par les guerres civiles à ses frontières, tant à l’ouest qu’à l’est, dans l’Arakan et le Chin, dans le Kachin, le Shan, le Kayin et le Mon, tous des états où au moins une milice « indépendantiste ou autonomiste » est en conflit ouvert avec l’armée régulière birmane (la Tatmadaw). D’où la déclaration publiée le 22 avril dernier par celui qui est également archevêque de Yangon : « Mettons fin au fléau de la guerre et luttons contre la maladie qui dévaste le monde, en commençant immédiatement par l’arrêt des combats partout : c’est ce dont nous tous, membres de la famille humaine, avons besoin, aujourd’hui plus que jamais ».
Dans sa déclaration, le cardinal Bo rappelle qu’il existe depuis l’été dernier une escalade des affrontements entre les milices locales et les forces armées, comme dans les l’Arakan, le Chin et le Shan où les dernières grosses escarmouches ont eu lieu, avec des civils parmi les victimes décédées. Selon le cardinal, persister dans ces opérations militaires en plein milieu de la crise du Covid-19 « aura des conséquences catastrophiques » pour le pays, qui est « particulièrement vulnérable » à cause de tous ces conflits. En outre, ces opérations « exposent inutilement les militaires à la contagion et met les civils en danger ».
D’où l’appel du cardinal en écho à celui du Pape et du secrétaire général de l’ONU lancé aux dirigeants nationaux et locaux qui doivent « choisir entre la voie de la vérité et de la coopération pour le bien de tous et celle du conflit, qui ne fera qu’engendrer des conséquences encore plus dramatiques pour tous ceux qui sont déjà en grande difficulté. Si nous voulons vraiment que la Birmanie devienne un peuple uni, pacifique et prospère, nous devons dès maintenant donner la priorité à des décisions respectueuses, énergiques et efficaces. Nous devons agir avec sagesse et cohérence, en regardant vers l’avenir et en mettant les conflits de côté ». Et le prélat de proposer la médiation de l’église catholique pour favoriser le dialogue entre les parties en conflit.
Cette sortie assez virulente arrive deux semaines après une allocution elle aussi plutôt offensive du chef des catholiques de Birmanie, mais cette fois contre la Chine. Début avril, le cardinal Bo avait en effet – et là encore en écho de plusieurs organisations ou dirigeants de la planète dont le président des Etats-Unis Donald Trump – appelé « le Parti communiste chinois (PCC) à présenter des excuses à toute la planète et à payer des indemnités pour les dégâts créés par le Covid-19 ». Selon l’archevêque de Yangon, les mensonges et la propagande de Pékin ont mis des millions de vies en danger dans le monde. Pour le dirigeant religieux, « le moins que la Chine puisse aujourd’hui faire consiste à annuler toutes les créances que le pays a sur d’autres nations afin de permettre à celles-ci d’utiliser les ressources ainsi préservées pour mieux lutter contre le Covid-19. Dans l’intérêt commun de l’humanité toute entière, nous ne devons pas avoir peur de demander des comptes au régime chinois ».
Lepetitjournal.com – 4 mai 2020
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