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Algues contre Alzheimer

Des scientifiques de l’Institut de biotechnologie de l’Académie des sciences et technologies du Vietnam ont mis au point 69 extraits de 11 espèces, appartenant à huit genres d’algues, pour une utilisation diététique dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.

Le Vietnam, fort de ses 3.260 km de côtes et de ses ressources biologiques, en possède un avantage considérable. Afin d’exploiter efficacement cette richesse, notamment les algues à des fins alimentaires et médicales, il a effectué des recherches pour traiter la maladie d’Alzheimer.

Une avancée prometteuse

Récemment, les scientifiques de l’Institut de biotechnologie ont mené à bien un projet intitulé « Effets neuroprotecteurs de certaines espèces d’algues vietnamiennes contre la maladie d’Alzheimer” (code : VAST04.10/22-23).

Des algues de huit genres ont fait l’objet de cette recherche, que sont Ulva, KappaphycusSargassumEucheuma, Gracilariopsis, Caulerpa, Gracilaria etPalzheimerina.

Pour la première fois, les mécanismes d’action moléculaires de la fucoxanthine, un composé naturel dérivé d’algues brunes isolé de S. oligocystum (une espèce répandue sur de nombreuses côtes d’Asie et d’Amérique) et d’extraits d’éthanol de Sargassum spp (un genre d’algues flottantes), ont été étudiés.

Ces composés possèdent des propriétés antioxydantes, inhibent l’acétylcholinestérase (AChE) et protègent contre la toxicité cellulaire dans des modèles expérimentaux de la maladie d’Alzheimer utilisant du H2O2 sur des lignées de cellules nerveuses C6.

La Professeure Dang Diêm Hông, cheffe du projet, précise que la recherche a démontré que la fucoxanthine extraite de S. oligocystum et l’extrait d’éthanol à 96% (avec ultrasons) de Sargassum spp étaient sans danger pour la toxicité aiguë et subchronique, et pourraient améliorer le déclin cognitif causé par la scopolamine chez la souris, à des doses comparables à celles du donépézil (5 mg/kg).

L’équipe de recherche a publié deux articles dans des revues scientifiques indexées SCI-E, un article dans une revue nationale (VAST02), tout en présentant ses résultats lors de la conférence internationale ISS2023 ainsi qu’à la conférence nationale sur les biotechnologies de 2022.

Le projet a reçu une évaluation et une classification excellentes de la part de l’Académie des sciences et technologies du Vietnam.

Avec ces résultats prometteurs, Mme Hông espère que ces recherches pourront se poursuivre et aboutir à des produits naturels, riches en nutriments, capables de protéger la santé. « L’objectif est de contribuer efficacement au traitement des patients atteints de la maladie d’Alzheimer », souligne-t-elle.

Une ressource algale abondante

Le Vietnam compte 878 espèces d’algues ; dont 439 rouges (Rhodophyta), 196 vertes (Chlorophyta), 156 brunes (Ochrophyta-Phaeophyceae) et 87 cyanobactéries (Cyanophyta) ; et 15 espèces d’herbes marines.

Des genres comme CaulerpaSargassum, Gracilaria, Ulva, Kappaphycus et Eucheuma sont d’une grande importance économique, car ils présentent un fort potentiel en matière de culture et d’extraction de composés biologiquement actifs. Ces algues sont également une source naturelle d’ingrédients adaptés à la consommation humaine et aux traitements médicaux, en particulier pour leurs effets neuroprotecteurs et leurs capacités à améliorer la mémoire.

Maladie d’Alzheimer

Alzheimer est l’une des maladies neurologiques les plus répandues, touchant environ 35 millions de personnes dans le monde. Elle est la cause principale du déclin de la mémoire chez les personnes âgées, apparaissant généralement entre 50 et 65 ans.

La maladie se caractérise par une perte progressive des cellules nerveuses et affecte certaines régions du cerveau. Son évolution s’accompagne d’une détérioration des capacités cognitives, du langage et des activités quotidiennes des patients. Selon les prévisions, le nombre de malades d’Alzheimer pourrait dépasser les 100 millions d’ici 2050.

À ce jour, il n’existe pas de méthode curative pour la maladie d’Alzheimer, les traitements actuels étant axés sur la détection précoce et la prévention. Les médicaments, comme la rasagiline, la rivastigmine et le donépézil, agissent principalement en inhibant les enzymes cholinestérase et β-sécrétase (BACE-1) ou le récepteur N-méthyl-D-aspartate (NMDA) via la mémantine. Cependant, ils peuvent provoquer des effets secondaires tels que nausée, vomissement, vertige,  troubles gastro-intestinaux et toxicité hépatique.

Ainsi, les produits naturels riches en nutriments, dotés d’une activité neuroprotectrice et présentant moins d’effets indésirables que les médicaments synthétiques, constituent une voie thérapeutique prometteuse pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.

Par Huong Linh & Diêu Thúy – Le courrier du Vietnam – 26 octobre 2024

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