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Les agissements du roi de Thaïlande ne sont plus du goût de Berlin

Les autorités allemandes s’irritent visiblement de la présence quasi permanente en Bavière du roi de Thaïlande. Apportant ainsi de l’eau au moulin des contestataires locaux, principalement étudiants, qui dénoncent le maintien de l’état d’urgence et qui souhaitent désormais une réforme de la monarchie thaïlandaise.

Bravant une nouvelle fois l’état d’urgence sanitaire qui vient d’être prolongé, pour la sixième fois, jusqu’à la fin du mois, des dizaines de milliers de manifestants, opposés au gouvernement, sont attendues le jeudi 14 octobre dans les rues de Bangkok.

Et cette fois-ci, les protestataires pro-démocratie , qui multiplient depuis peu les appels à une réforme de la monarchie, pourraient bien se sentir renforcé par le soutien inattendu qu’ils viennent indirectement d’obtenir de Berlin. En cause, le fait que le roi Maha Vajiralongkorn passe l’essentiel de son temps à l’étranger.

Le roi a constitutionnellement le droit de gérer le pays depuis l’étranger

Défiant le tabou du crime de lèse-majesté particulièrement sévère dans le pays, les manifestants concentraient à l’origine leurs critiques sur le Premier ministre (ancien chef de la junte militaire) et demandaient de nouvelles élections ainsi que l’abandon de l’état d’urgence qui constitue selon eux une façon de faire taire la contestation populaire. Ils réclament depuis peu l’abrogation du crime de lèse-majesté (qui punit de trois à quinze ans de prison quiconque diffame le roi) et une réforme de la monarchie et des pouvoirs du roi.

Dans leur ligne de mire, le fait que le roi, qui est sur le trône depuis 2016, passe à titre privé le plus clair de son temps en Bavière tout en continuant à diriger le pays. Et ce grâce une Constitution qu’il s’est taillée sur mesure en 2017. Cette dernière lui permet en effet de résider à l’étranger sans avoir besoin de nommer un régent pendant son absence.

Mais désormais, ce qui est constitutionnel en Thaïlande n’est plus du goût de Berlin. Interrogé la semaine dernière au Bundestag sur le fait de savoir si le gouvernement tolérait que le roi prenne des décisions de politique directe depuis la Bavière, le ministre allemand des Affaires étrangères a clairement répondu par la négative.

« Nous avons été très clairs sur le fait que les affaires politiques concernant la Thaïlande ne devaient pas être menées depuis le sol allemand », a-t-il notamment déclaré. Et d’ajouter que « s’il y a des invités dans notre pays qui mènent leurs affaires d’Etat depuis notre sol, nous serons toujours prêts à agir pour contrer cela. »

Une fortune désormais directement détenue par le roi

Mais si les contestataires espèrent, grâce à ces déclarations faire plier un peu le pouvoir monarchique en Thailande, il leur sera sans doute plus difficile de retirer à Maha Vajiralongkorn, le contrôle direct de la fortune royale. Evaluée entre 30 et 60 milliards de dollars elle comprend notamment des participations dans les plus grandes sociétés du pays (dont Siam Cement Group et Siam Commercial Bank) mais aussi de nombreuses propriétés immobilières (dont l’ambassade des Etats-Unis à Bangkok).

Elle était, jusqu’à il y a peu, gérée par une agence gouvernementale, le Crown Property Bureau (CPB). Mais, en 2017, le CPB est passé totalement sous le contrôle du roi (qui a le pouvoir de nommer tous les membres du conseil de l’agence) qui un an plus tard s’est vu accorder la pleine propriété des biens du palais.

Par Claude Fouquet – Les Echos – 13 octobre 2020

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