Le lourd fardeau de la réouverture de la Thaïlande au tourisme
Alors que Phuket célèbre sa réouverture aux touristes pour la première fois depuis plus d’un an, le reste de la Thaïlande lutte contre l’implacable pandémie.
Plus de 50 décès dus au Covid-19 ont été enregistrés mercredi et jeudi, suivis vendredi (2 juillet) par un pic d’infections avec 6 087 nouveaux cas et un record de 61 décès.
Plus de 50 décès dus au Covid-19 ont été enregistrés mercredi et jeudi, suivis vendredi (2 juillet) par un pic d’infections avec 6 087 nouveaux cas et un record de 61 décès.
Certaines personnes ont été informées qu’aucun lit d’hôpital n’était disponible et sont mortes seules chez elles.
La course aux vaccins
Alors que la plupart des analystes s’accordent à dire que l’inoculation est le seul moyen de réduire les souffrances liées à la pandémie, une lutte acharnée s’est engagée autour des stocks de vaccins.
L’approvisionnement en vaccins est limité et le gouvernement a accentué la pression en fixant un objectif ambitieux de réouverture du pays à la mi-octobre.
Chaque province a reçu l’ordre de suivre l’exemple de Phuket si elle veut rouvrir ses portes.
La première condition est de créer une immunité de groupe en inoculant au moins 70 % de la population.
L’approvisionnement limité en vaccins signifie que des choix difficiles doivent être faits lorsque les provinces qui dépendent du tourisme sont en concurrence avec le reste du pays qui tente simplement de survivre à la pandémie.
La priorité est donnée aux zones touristiques
En plus de Phuket, neuf autres régions ont exprimé leur intention de rouvrir au tourisme et ont été sélectionnées pour une phase pilote : Krabi, Phangnga, Surat Thani, Chiang Mai, Chon Buri, Phetchaburi, Prachuap Khiri Khan, Buri Ram et Bangkok.
Les autres provinces doivent attendre patiemment car les règles de réouverture exigent plusieurs étapes avant que les provinces ne reçoivent les doses demandées.
Thanet Supornsahasrungsi, président par intérim du Conseil du tourisme de Chon Buri, a déclaré que le programme « Pattaya va de l’avant » est prévu pour septembre.
Les entreprises de la province orientale ont terminé la plupart des procédures opérationnelles standard (POS) provinciales, y compris les directives pour les touristes entrants, a-t-il déclaré.
Bien que les procédures opérationnelles standard de Chon Buri aient été approuvées par l’administration sanitaire locale et le département de contrôle des maladies, la province doit encore obtenir le feu vert du gouverneur provincial et de l’Autorité du tourisme de Thaïlande (TAT).
M. Thanet a déclaré que les associations liées au tourisme avaient déjà discuté du plan de vaccination avec le général Natthapon Nakpanich, directeur des opérations du Centre pour l’administration du Covid-19 (CCSA).
Le général Natthapon a déclaré aux opérateurs touristiques que la répartition des vaccins devrait être prête pour Pattaya dès qu’elle aura reçu l’approbation des autorités concernées.
« Les vaccins que nous avons demandés ne sont pas arrivés comme prévu.
Nous avons encore besoin d’un consensus supplémentaire de la TAT et du gouverneur provincial avant de sécuriser ces lots », a déclaré M. Thanet.
« Les opérateurs touristiques de Pattaya veulent respecter le calendrier initial, mais nous ressentons la pression car les résidents auraient dû recevoir leur deuxième vaccin deux semaines avant la date de réouverture.
Cela signifie que nous avons jusqu’à la mi-août si nous voulons respecter ce délai. »
Le plan de Pattaya prévoit une ouverture en douceur dans deux districts : Bang Lamung et Sattahip.
Chon Buri a demandé soit 450 000 doses d’AstraZeneca pour administrer au moins un vaccin pour sa population de 450 000 habitants, soit 900 000 doses de Sinovac pour compléter deux vaccins pour chaque résident.
Selon lui, le programme de vaccination pour l’ensemble de la province est assez lent.
Les deux premiers districts de Bang Lamung et Sattahip n’ont reçu que 60 000 doses.
On s’attend à ce que 120 000 autres doses de vaccin soient ajoutées dans la province par le biais du système de sécurité sociale, mais elles sont principalement destinées aux travailleurs des zones industrielles, ce qui n’affecte pas l’industrie du tourisme.
Les ouvriers de Bangkok ont répandu le virus dans d’autres provinces
Lorsque le gouvernement a annoncé la fermeture des chantiers de construction à Bangkok pour contenir l’épidémie, il était prévu que les ouvriers soient aussi bloqués dans les camps.
Mais rien n’a été fait, les ouvriers sont rentrés chez eux et ont répandu le virus dans d’autres provinces, dont Pattaya.
En attendant l’arrivée de nouveaux vaccins, M. Thanet a déclaré que le gouvernement devrait agir pour identifier les ouvriers du bâtiment qui sont infectés afin de limiter les risques.
« Pattaya a déjà tiré les leçons de certaines erreurs commises par le programme de Phuket et nous espérons que nous ne serons pas confrontés aux mêmes situations difficiles », a-t-il déclaré.
Des réglementations incohérentes pour le Bac à sable de Phuket
« Le problème que nous avons observé à Phuket concerne des réglementations incohérentes.
Pourquoi les autorités n’ont-elles pas pu formaliser les règles et une orientation dès le début ? »
Il a déclaré que la publication tardive du bac à sable de Phuket dans la Gazette royale, qui codifie le plan en loi, a fait que 50% des clients qui avaient réservé pour le premier jour du bac à sable ont reporté leur voyage.
L’approbation officielle est arrivée plus tard que prévu en raison de différends concernant le paiement garanti des tests Covid-19, qui coûtent environ 8 000 bahts pour un séjour de 14 jours.
« Ce genre de problème devait être abordé dès le début, mais ils l’ont soulevé à la dernière minute », a déclaré M. Thanet.
Selon lui, les opérateurs touristiques thaïlandais souhaitent que le bac à sable de Phuket soit un succès afin que d’autres destinations puissent suivre.
Cependant, le succès du programme dépend en grande partie de facteurs incontrôlables pour les opérateurs, tels que le programme de vaccination, a déclaré M. Thanet.
La réouverture de Koh Samui, Koh Phangan et Koh Tao, dans la province de Surat Thani, est prévue pour le 15 juillet, mais les taux de vaccination y sont encore faibles.
Au 2 juillet, 42 % des habitants de Koh Samui avaient reçu deux doses de vaccin, tandis que 59,3 % avaient reçu au moins une dose.
Koh Phangan et Koh Tao affichent des taux plus faibles de 6,1 % et 11,8 %, respectivement.
L’importance du tourisme intérieur pour les petites entreprises
Thaneth Tantipiriyakij, président du Conseil du tourisme de Phuket, a déclaré que la réouverture via le programme de bac à sable n’est pas un remède universel pour tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement touristique.
Selon lui, la majorité des bénéfices iront probablement aux grands opérateurs, tels que les hôtels cinq étoiles qui disposent d’un budget suffisant pour parier sur le risque de la réouverture.
Au lieu de se concentrer uniquement sur les touristes étrangers, Phuket doit encore compter sur le marché intérieur, car ce segment peut générer davantage de revenus pour les opérateurs de taille moyenne et petite.
« Nous avons encouragé un plan de la TAT visant à stimuler 548 000 voyages locaux sur l’île », a déclaré M. Thaneth.
« Nous ne pouvons pas tous pénétrer le marché étranger en cette période difficile.
Les dépenses locales peuvent contribuer à renforcer les liquidités des petits opérateurs et les préparer à accueillir les clients entrants lorsqu’ils arriveront en plus grand nombre au quatrième trimestre. »
La TAT estime que les voyageurs nationaux injecteront 5,5 milliards de bahts dans l’économie de Phuket au cours du troisième trimestre.
Phuket met en œuvre des mesures de dépistage rigoureuses pour les voyageurs locaux, n’autorisant que les touristes vaccinés à visiter l’île.
Les compagnies aériennes à bas coûts ne profiteront pas du Bac à sable
Woranate Laprabang, directeur général de Thai Vietjet, a déclaré que seules les compagnies aériennes internationales et Thai Airways peuvent desservir le bac à sable de Phuket au cours des premiers mois.
Les compagnies à bas prix ne peuvent pas tirer de revenus de la phase initiale du bac à sable car leurs avions sont pour la plupart des appareils à fuselage étroit, qui ne peuvent pas effectuer de vols long-courriers.
« Les compagnies aériennes à bas coûts se concentraient généralement sur les services régionaux avant la pandémie, mais la plupart des pays asiatiques ont gardé leurs frontières fermées.
Nous devons attendre que davantage de pays atteignent une immunité collective pour réactiver les liaisons internationales », a déclaré M. Woranate.
Toutefois, il a ajouté qu’il y aura plus d’opportunités pour les transporteurs locaux si le gouvernement peut lancer des bulles urbaines entre Phuket et d’autres villes de la région, comme l’île de Phu Quoc au Vietnam.
Cette île pourrait vouloir accueillir des touristes inoculés en utilisant un modèle similaire à celui de Phuket, a déclaré M. Woranate.
L’ensemble du secteur du tourisme souhaite que Phuket parvienne à contenir le virus et à maintenir à long terme la dynamique de la Thaïlande sur le marché international, a-t-il ajouté.
« Si les tentatives de réouverture échouent, d’autres compagnies aériennes disparaîtront.
L’année dernière, de nombreuses compagnies aériennes thaïlandaises ont dû faire leurs adieux ou ont fait faillite sans aucune aide financière du gouvernement.
Une réouverture réussie est un espoir pour nous », a déclaré M. Woranate.
Il a encouragé le gouvernement à adopter une approche plus agressive de la vaccination de masse, car c’est la condition la plus importante pour relancer en toute sécurité les activités touristiques nationales et internationales.
« Nous sommes préoccupés par la recrudescence des cas quotidiens.
Notre taux de remplissage est passé de 78 % à 72 % cette semaine.
Les personnes qui voyagent encore le font par nécessité, pas par loisir.
La vaccination est la clé pour aider notre secteur à se rétablir plus rapidement », a déclaré M. Woranate.
Les thaïlandais veulent choisir leurs vaccins
Outre la pénurie de vaccins, l’inquiétude croissante quant à l’efficacité des vaccins alimente le doute quant à la maîtrise du virus.
Le Conseil du tourisme de Thaïlande a mené une enquête au cours du deuxième trimestre et a constaté que la moitié de la population locale souhaite recevoir des vaccins alternatifs à ceux qui sont disponibles actuellement.
Pfizer est le premier choix avec 36 %, tandis que Sinovac arrive en dernière position avec 7 %.
Chotechuang Soorangura, directeur général de NS Travel and Tours, a déclaré que son entreprise avait commandé un vaccin alternatif, Sinopharm, fourni par l’Académie royale Chulabhorn, pour 450 employés qui n’avaient pas été vaccinés.
« La plupart d’entre eux se sont inscrits au programme de vaccination de l’agglomération de Bangkok, mais leurs délais d’attente sont en août, ce qui est un peu tard pour les opérateurs touristiques comme nous.
Nous devons nous préparer à la haute saison qui s’annonce, en particulier après la réouverture du pays.
L’entreprise a dû trouver d’autres vaccins pour combler le vide », a déclaré M. Chotechuang.
Selon lui, le Premier ministre ayant annoncé que l’ensemble du pays devait atteindre l’immunité collective d’ici la fin de l’année, l’administration quotidienne de vaccins devrait atteindre 500 000 doses par jour.
Le chiffre actuel est très éloigné de cet objectif, a déclaré M. Chotechuang.
« Nous avons eu un travailleur qui a reçu deux doses de Sinovac et qui a été diagnostiqué avec la Covid-19.
Le gouvernement devrait se procurer des vaccins plus efficaces et plus fiables, et les distribuer à ceux qui en ont besoin le plus rapidement possible.
Nous ne sommes pas si nombreux à pouvoir nous permettre de survivre en utilisant notre propre budget pour la santé et la sécurité », a-t-il ajouté.
Toutelathailande.fr avec The Bangkok Post – 3 juillet 2021